Author Archives: christophepremat

La démocrate directe peut-elle interdire les armes dans certains Etats américains?

Le 30 avril dernier, j’ai participé à une émission du huffingtonpost que vous pourrez retrouver sur le lien suivant: http://live.huffingtonpost.com/#r/segment/vote-away-my-gun/517e8b5302a7603fb600055a

Il s’agissait de parler de l’initiative en cours dans l’Etat du Colorado pour l’interdiction des armes. On a parlé lobbies, argent et démocratie directe. J’ai défendu le référendum, car selon moi, la démocratie n’est pas immédiate, elle est exigeante et peut contribuer à la mise sur agenda d’un véritable problème politique que les représentants ont dû mal à appréhender. Affaire à suivre!

Les femmes et les expériences de microcrédit au Venezuela

 Le contexte symbolique et émotionnel de la disparition du leader de la révolution bolivarienne est encore trop présent pour qu´un bilan du chavisme puisse être réellement effectué. Pourtant, au-delà du charisme de l´ancien président, le chavisme a durablement marqué les institutions du pays et ses pratiques politiques.
Le fondement de cette idéologie de gauche est de pouvoir nationaliser les compagnies pétrolières pour être en mesure de soutenir des politiques de redistribution sociale.
Le cas de la « Banco de Desarrollo de la Mujer » (littéralement, Banque de Développement de la Femme ou BANMUJER) est assez emblématique de ces expériences de microcrédit destinées à sortir certaines couches de la population de la pauvreté durable. Cette banque a été créée le 8 mars 2001 et vise à encourager la créativité des femmes en situation de pauvreté. Cette banque a pour objectif de piloter la redistribution sociale en offrant la possibilité aux femmes d´être les principales actrices du développement social. La démocratisation du capital social et l´autogestion de certaines sphères productives sont également souhaitées à travers cette expérience (source : Rosa Cañadell, « El Banco de la Mujer en la Venezuela chavista », Revista Pueblos numero 13, Septembre 2004).
Dotée à l´origine d´un capital de 7.5 millions d´euros (avant le processus de reconversion monétaire), cette structure a été gérée par plusieurs ministères avant d´être confiée au Ministère du Pouvoir Populaire pour la Femme et l´Egalité de Genre en 2009. Cette institution n´est pas une simple banque de prêt, elle vise à aider les femmes à monter une entreprise en leur allouant un capital de départ. L´expérience BANMUJER suit une logique de développement social des quartiers pauvres. Plus de 100.000 crédits ont été alloués depuis l´origine et BANMUJER est étroitement relié aux comités d´usagers qui ont été constitués dans tout le pays. Les populations indigènes ont pu bénéficier de ces microcrédits et construire des négoces divers : réhabilitation de vieilles maisons pour les transformer en hôtels de tourisme rural, coopératives de production de vin, de miel et d´autres biens alimentaires. Souvent, ces négoces permettent d´employer plusieurs personnes d´un village ou d´un quartier et de mettre en relation l´artisanat et les métiers de la vente. La plupart des expériences BANMUJER restent d´ampleur modeste, elles permettent de construire une économie locale solidaire.
Ces expériences activent des systèmes de capabilities, c´est-à-dire qu´elles confient à de nouveaux acteurs la possibilité de piloter le développement social en accord avec les principes de la Constitution de 1999 qui prévoit les cadres de cette autogestion productive.  L’un des principaux apports du chavisme a été de conduire une redistribution sociale efficace et juste à l’égard de classes sociales extrêmement marginalisées. Les femmes des quartiers populaires et les femmes pauvres en milieu rural peuvent ainsi s’insérer dans la vie professionnelle en montant un projet ayant des conséquences sur l’environnement local.

Le Capital sans frontières

Au fond, ce que révèle l´affaire Cahuzac, au-delà des aspects politiques du moment, c´est une coupure très forte entre le discours fiscaliste pour unifier la nation (contre la fraude fiscale) et la pratique (je protège d´abord mon propre capital). Elle met en avant les ressorts contradictoires du capitalisme financier et la difficulté à renouer une relation entre Capital et Travail. La souveraineté économique est en cause car les revenus du travail ne peuvent rivaliser avec un capital de plus en plus flottant et tenté par les paradis fiscaux. Les conseillers fiscaux exploitent les failles du système pour y espérer de meilleurs placements. La fiscalité est l´un des derniers ciments de la nation puisqu´il s´agit de payer des impôts pour pouvoir bénéficier de services publics. Il faudra certainement d´autres affaires pour que la vie politique puisse être davantage améliorée dans une optique de “responsiveness”.