In Platonis Phaedrum Scholia: 256c9-d3

πίστις

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Σωκράτης
φίλω μὲν οὖν καὶ τούτω, ἧττον δὲ ἐκείνων, ἀλλήλοιν διά τε τοῦ ἔρωτος καὶ ἔξω γενομένω διάγουσι, πίστεις τὰς μεγίστας ἡγουμένω ἀλλήλοιν δεδωκέναι τε καὶ δεδέχθαι, ἃς οὐ θεμιτὸν εἶναι λύσαντας εἰς ἔχθραν ποτὲ ἐλθεῖν.

Socrate
Ces deux aussi sont des amis, donc, mais moins que les autres deux, ils vivent l'un pour l'autre dans le temps de l'amour et après quand ils en sortent, car ils savent avoir donné et reçu les plus grandes preuves de foi, qu'il serait un delict de rompre pour devenir un jour ennemis.

Platon, Phèdre, 256c9-256d3

L’amour est toujours positif. Ceux qui ne sont pas capables de le vivre dans sa version la plus haute en profiterons quand même. Il seront eux aussi “amis”: à différence de ce qui avait été dit dans les discours précédents (ici pour Lysias et ici pour Socrate), le fait de céder aux plaisirs sexuels n’implique pas la perte de la φιλία. Car la raison pour laquelle on cède à la tentation est justement cette φιλία.

Platon est prêt à accorder, par contre, que l’amitié entre ce type d’amants sera un peu plus faible. Mais pas au point de disparaître après l’amour, comme le voulaient les discours précédents. Rappelons-nous que Socrate, en parlant de la φιλία des amoureux, avait affirmé que les amoureux aiment les enfants comme les loups les agneaux.

Ici le discours est différent: l’amour dérive de l’amitié et de la bienveillance et les preuves de foi (πίστις) que les amoureux se sont échangées pendant leur amour les lient pour toujours. Même après la satisfaction des désirs, il restera un lien fort et ce lien ne sera pas coupé si facilement.

Les discours précédents avaient un argument très crédible: c’est le désir qui attire les deux, une fois que le désir disparaît il n’y a plus de lien. Ici le lien reste malgré la satisfaction des désirs parce que le désir est juste une des composantes de l’amour, l’autre étant l’enthousiasme pour le souvenir de l’idée de beauté.

πίστις scholia