In Platonis Phaedrum Scholia: 241a6-b3

σωφροσύνη, ὕβρις, ἄλλος, αὐτὸς, νόος

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Σωκράτης
καὶ ὁ μὲν αὐτὸν χάριν ἀπαιτεῖ τῶν τότε, ὑπομιμνῄσκων τὰ πραχθέντα καὶ λεχθέντα, ὡς τῷ αὐτῷ διαλεγόμενος: ὁ δὲ ὑπ᾽ αἰσχύνης οὔτε εἰπεῖν τολμᾷ ὅτι ἄλλος γέγονεν, οὔθ᾽ ὅπως τὰ τῆς προτέρας ἀνοήτου ἀρχῆς ὁρκωμόσιά τε καὶ ὑποσχέσεις ἐμπεδώσῃ ἔχει, νοῦν ἤδη ἐσχηκὼς καὶ σεσωφρονηκώς, ἵνα μὴ πράττων ταὐτὰ τῷ πρόσθεν ὅμοιός τε ἐκείνῳ καὶ ὁ αὐτὸς πάλιν γένηται.

Socrate
Et celui-ci lui demande les faveurs du passé, en lui rappelant ses actions et ses promesses, comme s'il parlait à la même personne; mais celui-là, par honte, n'a pas le courage de dire qu'il est devenu un autre et il ne sait pas comment tenir les serments et les engagements faits sous l'emprise de sa précédente folie, mais ayant à nouveau la raison et en étant tempérant il a peur qu'en refaisant les mêmes choses il ne redevienne comme il était avant et la même personne qu'avant.

Platon, Phèdre, 241a6-241b3

Être le même (αὐτὸς) ou être un autre (ἄλλος). C’est l’essence même de l’amoureux/non amoureux qui change. L’homme pris par la passion et gouverné par la démesure (ὕβρις) est un homme différent de celui qui est gouverné par la raison (νόος). Il s’agit vraiment de deux personnes différentes qui n’ont pratiquement aucune relation. C’est pourquoi quand l’amoureux devient non amoureux et que l’aimé ne s’en aperçoit pas, ce dernier croit parler avec quelqu’un mais il se trompe: la personne à qui il croit s’adresser n’existe plus.

L’ex-amoureux, en plus, a honte de ce qu’il était avant et il ne veut pas dire qu’il est devenu autre: tout simplement il nie toute relation avec ce qu’il était dans le passé.

La rupture entre les deux est tellement forte qu’il est impossible de tisser un lien entre les deux: il ne s’agit pas de quelqu’un qui change, il s’agit de deux personnes séparées.

Il n’y a plus rien qui lie l’aimé de l’ex-amoureux car l’amoureux n’est plus.

σωφροσύνη, ὕβρις, ἄλλος, αὐτὸς, νόος scholia