L214 est une association de défense de tous les animaux, et plus particulièrement de ceux qui sont utilisés dans la consommation alimentaire et leurs conditions d’élevage, de transport, de pêche et d’abattage.
Âmala Barbosa : D’où vient le nom L214?
L214 : L214 est le nom d’un article du code rural qui reconnaît la sensibilité des animaux.
ÂB : Quels sont les objectifs de votre association?
L214 : A long terme, l’abolition de l’exploitation animale. A court terme, faire émerger un débat public et sociétal sur la question animale, faire évoluer les pratiques alimentaires, permettre une amélioration des conditions de vie des animaux en attendant que l’abolition devienne un objectif tangible.
ÂB : Vous avez déjà diffusé 3 vidéos depuis la fin de l’année dernière dans les abattoirs d’Alès, Vigan et mauléon-licharre, qui ont choqué ceux qui l’ont regardé. Pourquoi considérez-vous important de montrer les abattoirs ?
L214 : Les abattoirs sont un lieu de violence inévitable dans la chaîne de production qui va de la naissance de l’animal à l’assiette du consommateur. Montrer la réalité des abattoirs permet de faire prendre conscience qu’il n’existe pas de mort « douce », qui respecte l’animal. La mise à mort des animaux est toujours violente puisqu’elle se fait contre leur gré.
ÂB : La violence étant inhérente aux abattoirs, comment est-il possible d’y imaginer des bonnes conditions pour les animaux?
L214 : On ne peut pas imaginer de bonnes conditions, seulement des conditions moins douloureuses pour les animaux, ce qui est largement insatisfaisant. C’est pourquoi nous nous prononçons pour la fermeture des abattoirs. Toutefois, si la réglementation était respectée, cela pourrait être bénéfique aux animaux, même si insuffisant.
ÂB : Les médias parlent de plus en plus de votre action, cela veut-il dire que le débat avance positivement ?
L214 : Effectivement, on assiste à un médiatisation croissante de la question animale et du véganisme. Un tel débat public était difficilement imaginable il y a seulement 5 ou 6 ans. L’abolition de l’exploitation animale, même si elle reste une opinion encore très minoritaire, commence à devenir une position légitime dans notre société. Donc en somme, oui, nous trouvons que le débat avance positivement même si tout reste à faire ou presque concernant les animaux.
ÂB : Êtes-vous présents partout en France? Adaptez-vous vos actions en fonction de la région dans lesquelles vous êtes implantés?
L214 : Nous n’avons pas de personne référente de l’association dans chaque région, cependant, notre action se veut nationale. La seule différence observable est au niveau des actions de rue, qui sont majoritairement organisées dans les régions où des personnes de l’équipe sont présentes, ou des bénévoles très impliqués.
ÂB : Vous avez montré des images dans des abattoirs « bio » où l’on croit qu’il y a de la « viande heureuse », est-ce qu’il y a des différences de traitement des animaux dans ce cas là?
L214 : Force est de constater que les images révélées sur les abattoirs « bio » ne montrent peu ou pas de différences avec celles de l’abattoir charal tournées il y a quelques années.
ÂB : Les français étant très attachée à leurs habitudes alimentaires, est-il possible d’imaginer un changement de pratique alimentaire à court terme?
L214 : Si « à court terme » s’étend jusqu’à quelques années, oui il est possible que nous observions un changement significatif des habitudes alimentaires. Avec la médiatisation croissante des images d’enquêtes, les contingences écologiques liées à l’élevage, le développement des alternatives vegan en restauration et grandes surfaces, il est très probable que nous observions dans les années à venir une modification des habitudes alimentaires.
ÂB : Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a ordonné des inspections dans tous les abattoirs de France. Cela est suffisant pour vous?
L214 : À long terme, très clairement non : nous sommes pour la fermeture des abattoirs, pas pour un contrôle accru. A court terme, cela paraît être une mesure d’urgence pour étouffer le scandale, nous restons sceptiques sur les conséquences réelles de ces inspections pour les animaux. Les témoignages d’anciens inspecteurs vétérinaires nous font également douter de l’efficacité des cette mesure.
ÂB : Quels sont les futurs projets de l’association ?
L214 : Le développement des alternatives vegan dans la restauration avec la campagne VegOresto qui connaît un succès grandissant, l’abolition de certaines pratiques particulièrement cruelles comme l’élevage des poules en cages, le gavage des oies et des canards, le broyage des poussins… Il y a énormément à faire pour les animaux, et il est difficile de dresser une liste exhaustive.