In Platonis Phaedrum Scholia: 279b8-c3

εὔχομαι, σώφρων, σοφός, πλούσιος, χρυσός, ἔνδοθεν

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Σωκράτης
ὦ φίλε Πάν τε καὶ ἄλλοι ὅσοι τῇδε θεοί, δοίητέ μοι καλῷ γενέσθαι τἄνδοθεν: ἔξωθεν δὲ ὅσα ἔχω, τοῖς ἐντὸς εἶναί μοι φίλια. πλούσιον δὲ νομίζοιμι τὸν σοφόν: τὸ δὲ χρυσοῦ πλῆθος εἴη μοι ὅσον μήτε φέρειν μήτε ἄγειν δύναιτο ἄλλος ἢ ὁ σώφρων.

Socrate
Cher Pan et chers autres dieux d'ici, faites que je sois beau à l'intérieur; pour les choses extérieures que j'ai, faites qu'elles soient amies de ce qui est à l'intérieur. Que je considère riche le sage: en ce qui concerne l'argent, que je n'en ai pas plus de ce que peut porter et avoir un homme prudent.

Platon, Phèdre, 279b8-279c3

Les dieux du lieu sont les responsables de ce que Phèdre et Socrate ont pu comprendre pendant leur dialogue. Les dieux ont offert une vérité. Maintenant Socrate leur demande aussi de mettre en œuvre ce qui découle de cette vérité: les dieux peuvent non seulement faire comprendre aux êtres humains la vérité, mais aussi les transformer pour qu’ils s’y conforment dans leur vie. On l’a déjà vu: il est question de savoir quel type d’homme Socrate et Phèdre veulent devenir. C’est ça l’enjeu finalement. Est-ce que Phèdre veut devenir comme Lysias ou comme Socrate? Un sophiste ou un philosophe? Le jeune a déjà exprimé son vœux et sa prière: il souhaite (le verbe utilisé est le même que vient d’utiliser Socrate: prier, εὔχομαι) devenir philosophe.

Socrate sait donc déjà que cette prière est en accord avec les souhaits de Phèdre: les dieux doivent faire en sorte qu’ils deviennent philosophes. Nous avons donc ici une nouvelle définition de ce qu’est un philosophe. Le philosophe était défini comme celui qui considère que la chose la plus importante est d’inscrire les discours dans l’âme. Et l’âme est ce qu’il y a à l’intérieur: ἔνδοθεν. Pan et les autres dieux de ce lieu doivent donc rendre Socrate et Phèdre beaux à l’intérieur. Tout ce qui concerne l’extérieur - et donc le corps. - doit juste s’adapter le plus possible à l’âme. Le topos de Socrate laid à l’extérieur et beau à l’intérieur est un peu modifié ici. Et cela se justifie si l’on pense à la référence aux discours: les discours extérieurs, les discours écrits doivent non pas être laids, mais s’approcher le plus possible des discours qui sont pour l’âme. L’extérieur ne sera jamais aussi beau que l’intérieur, mais il doit s’y approcher le plus possible.

Le même rapport intérieur extérieur vaut pour les biens: la richesse sera la sagesse et donc être riche (πλούσιος) équivaudra à être sage (σοφός). Et pour finir, une note sur le χρυσός, l’argent. Il faut en avoir de façon modérée, la quantité que pourrait utiliser un homme tempérant, un homme qui a du bon sens, un σώφρων.

Cette prière est un bon résumé du dialogue, elle en reprend les idées fondamentales et aide à en identifier l’objectif principal: la définition de la philosophie.

εὔχομαι, σώφρων, σοφός, πλούσιος, χρυσός, ἔνδοθεν scholia