In Platonis Phaedrum Scholia: 277e1-4

ὕπαρ, ὄναρ, μίμησις, εἴδωλον

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Σωκράτης
τὸ γὰρ ἀγνοεῖν ὕπαρ τε καὶ ὄναρ δικαίων καὶ ἀδίκων πέρι καὶ κακῶν καὶ ἀγαθῶν οὐκ ἐκφεύγει τῇ ἀληθείᾳ μὴ οὐκ ἐπονείδιστον εἶναι, οὐδὲ ἂν ὁ πᾶς ὄχλος αὐτὸ ἐπαινέσῃ.
Φαῖδρος
οὐ γὰρ οὖν.

Socrate
En effet, confondre veille et rêve en matière de justice et injustice et méchanceté ou bonté n'échappe pas, en vérité, à la plus exacerbée des critiques, même si toute la foule devait le louer.
Phèdre
Non, effectivement.

Platon, Phèdre, 277e1-277e4

On revient ici à des raisons métaphysiques, dont le fondement, par contre, ne semble pas être très clair. On dirait en effet que l’écriture sur papyrus implique une confusion entre veille et rêve. Mais pourquoi?

Socrate est en train de se référer à son analyse de l’écriture comme une forme de représentation: l’écriture est comme la peinture. Ce que cette analyse implique est que les discours écrits sur papyrus sont l’image (εἴδωλον) des discours écrits dans l’âme, comme le rappelle ensuite Phèdre.

Dans ce sens, et dans la continuité de la critique de Platon à la μίμησις, on peut dire que les discours écrits sont une imitation des discours écrits dans l’âme. Et les imitations sont comme des rêves (ὄναρ): on ne doit pas les confondre avec la réalité qu’on peut voir quand on est éveillé (ὕπαρ).

Mais ici le sens de la phrase pourrait sembler différent: ce ne sont pas les discours en tant que tels qui sont des représentations des discours vivants écrits dans l’âme, ce sont les “contenus” des discours qui deviennent des images imitant la réalité des idées. On dirait que la justice, le bien.. tels qu’ils sont traités dans un discours écrit sont l’imitation de la justice et du bien tels qu’ils sont traités dans un discours écrit dans l’âme. Mais cela ne peut pas être vrai à moins qu’on condamne toute forme de discours, car la justice (ou le bien, ou n’importe quelle autre idée) dans un discours sera toujours une justice représentée. Même le discours écrit dans l’âme ne sert qu’à provoquer la mémoire (la μνήμη, certes, pas la ὑπόμνησις) de l’idée qui a été vue dans l’hyperouranion. Ce qui change c’est la force du discours, mais non sa relation avec l’idée.

Il faut donc comprendre cette critique dans le contexte des phrases précédentes: Socrate dit qu’il faut bien faire la différence entre deux formes de discours quand l’enjeu est de saisir les idées les plus élevées.

ὕπαρ, ὄναρ, μίμησις, εἴδωλον scholia