In Platonis Phaedrum Scholia: 268c5-d2
Billet précédentLire les autres billets de la série
Σωκράτης
τί δ᾽ εἰ Σοφοκλεῖ αὖ προσελθὼν καὶ Εὐριπίδῃ τις λέγοι ὡς ἐπίσταται περὶ σμικροῦ πράγματος ῥήσεις παμμήκεις ποιεῖν καὶ περὶ μεγάλου πάνυ σμικράς, ὅταν τε βούληται οἰκτράς, καὶ τοὐναντίον αὖ φοβερὰς καὶ ἀπειλητικὰς ὅσα τ᾽ ἄλλα τοιαῦτα, καὶ διδάσκων αὐτὰ τραγῳδίας ποίησιν οἴεται παραδιδόναι;
Socrate
Et si quelqu'un en allant chez Sophocle et Euripide leur disait qu'il sait faire des discours très longs sur des faits très petits et très petits sur des grands faits, et que quand il le veut, des discours qui font pleurer ou le contraire, qui font peur et qui menacent et d'autres choses de ce type et qu'il croit qu'en enseignant ces choses il est capable d'enseigner l'écriture des tragédies?
Platon, Phèdre, 268c5-268d2
Socrate propose maintenant un autre cas d’étude, plus proche de celui qui l’intéresse au premier chef. La médecine semble être un exemple très clair, connu et reconnu par tout le monde. C’est un bon exemple pour commencer aussi parce qu’il est assez loin de l’art oratoire pour que son analyse ne soit pas biaisée par le fait que Phèdre veut défendre ce dernier.
La stratégie de Socrate est donc de commencer par un cas loin et clair pour ensuite se rapprocher de la rhétorique en parlant d’un art qui a aussi affaire au langage: l’écriture de tragédies. Ici les techniques que l’aspirant écrivain mettrait en avant, en allant voir, encore une fois, deux autorités, sont très proches de celles évoquées pendant la liste des figures rhétoriques: typiquement, le fait de savoir faire des discours longs ou courts qui avait été attribué à Tisias et à Gorgias, le fait de faire pleurer et passer d’un état à l’autre, qui avait été attribué à Trasymaque (le géant de Chalcédonie).
Il est intéressant de voir que ces “techniques” sont potentiellement utiles aussi pour un art qui n’est pas la rhétorique, justement. Il semble évident qu’écrire des tragédies ou parler au tribunal sont deux choses différentes et demandent des connaissances différentes. Mais alors comment serait-ce possible de limiter ces arts à des compétences techniques qui finalement seraient les mêmes pour n’importe quel art du discours?
