In Platonis Phaedrum Scholia: 267a7-b2

εἰκός, δόξα

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Σωκράτης
Τεισίαν δὲ Γοργίαν τε ἐάσομεν εὕδειν, οἳ πρὸ τῶν ἀληθῶν τὰ εἰκότα εἶδον ὡς τιμητέα μᾶλλον, τά τε αὖ σμικρὰ μεγάλα καὶ τὰ μεγάλα σμικρὰ φαίνεσθαι ποιοῦσιν διὰ ῥώμην λόγου, καινά τε ἀρχαίως τά τ᾽ ἐναντία καινῶς, συντομίαν τε λόγων καὶ ἄπειρα μήκη περὶ πάντων ἀνηῦρον;

Socrate
Laissons en paix Tisias et Gorgias qui ont compris que la vraisemblance est bien plus importante que la vérité et qui avec la force de la parole font apparaître petites les choses grandes et grandes les choses petites, nouvelles les choses anciennes et vice versa et ont découvert la manière de parler à propos de toutes les choses de façon courte ou infiniment longue.

Platon, Phèdre, 267a7-267b2

D’autres noms, Tisias et Gorgias. Au dernier Platon a dédié un dialogue. Ici on revient à la question du rapport entre vraisemblance (εἰκός) et vérité. Dans le cadre des discours qui servent pour convaincre, on l’a déjà dit, il est préférable de dire quelque chose que le public peut croire, plutôt que quelque chose de vrai. Si la vérité est peu vraisemblable, il faudra la changer pour pouvoir être cru. C’est en effet le principe de la “justice”: il est nécessaire de convaincre le jury et pour ce faire il ne sert à rien de dire la vérité si elle n’est pas crédible. En ce sens les sophistes sont très modernes et démocratiques: il n’y a pas quelqu’un qui connaît la vérité, il y a juste une série de personnes avec leurs propres points de vue et le droit de les exprimer. Précédemment Phèdre avait opposé vérité et opinion (δόξα). Maintenant Socrate parle de vraisemblance, mais le point est le même. Le relativisme des sophistes consiste à mettre entre parenthèse la vérité pour se baser sur ce qu’il y a chez les êtres humains: l’opinion, la vraisemblance, ce qu’on peut croire, ce qu’on pense.

Ensuite Socrate continue avec les lieux communs à propos de la rhétorique: la capacité de faire sembler une chose son contraire - dont il a déjà été souvent question. On ajoute un élément: la capacité de faire des discours longs ou courts. La bonne longueur du discours était un autre des aspect “techniques” de l’art. Le bon technicien, semblent dire Gorgias et Tisias, savent faire des discours ou longs ou cours, selon ce qu’on leur demande.

εἰκός, δόξα scholia