In Platonis Phaedrum Scholia: 263d1-5

ἐνθουσιάζω,, ἐνθουσιαστικός

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Σωκράτης
ἄριστα λέγεις: ἀλλ᾽ εἰπὲ καὶ τόδε—ἐγὼ γάρ τοι διὰ τὸ ἐνθουσιαστικὸν οὐ πάνυ μέμνημαι—εἰ ὡρισάμην ἔρωτα ἀρχόμενος τοῦ λόγου.
Φαῖδρος
νὴ Δία ἀμηχάνως γε ὡς σφόδρα.

Socrate
Tu dis bien. Mais dis-moi cela aussi - moi en effet à cause de l'enthousiasme je ne m'en rappelle pas bien - si en commençant le discours j'ai défini l'amour.
Phèdre
Oui, par Zeus, et très bien.

Platon, Phèdre, 263d1-263d5

La discussion s’est donc déplacée: le sujet est actuellement le discours de Socrate. On souligne ici, pour l’énième fois, deux caractéristiques de ce discours: en premier lieu il n’est pas de Socrate; en second lieu il n’est pas écrit.

Socrate n’était pas conscient lors de ce discours, il était pris par le dieu. Nous avons déjà parlé de cet état, quand on parlait justement de l’amoureux, qui est envahi par un dieu. Maintenant Socrate affirme cela de lui-même: il était envahi par un dieu, il était dans un état enthousiaste (ἐνθουσιαστικός) quand il parlait et cela signifie qu’il n’était pas vraiment là et donc il ne se rappelle même pas ce qu’il a dit. Sa bouche a prononcé les mots suggérés par les dieu pendant que lui il n’était pas présent.

Et puis ce discours, à différence de celui de Lysias, n’est pas écrit. Il n’est que dans la mémoire de Phèdre, donc, vu que Socrate ne se le rappelle pas non plus. Certes, Socrate affirme qu’il a oublié aussi et surtout pour ne pas dire du bien lui-même de son discours et laisser Phèdre en faire l’éloge. Mais il y a une grosse différence dans l’analyse des deux discours: celui de Lysias est analysé mot à mot, celui de Socrate non.

Car si on le prenait ce discours, est-ce que la réponse de Phèdre serait juste?

Une analyse de ce type, mot à mot, serait plus complexe que celle du discours de Lysias. Dans les deux discours, Socrate commence avec des longs préambules où il invoque les Muses ou où il rappelle la nature du discours qu’il s’apprête à faire. Si on se limitait à analyser les premiers mots - comme Phèdre et Socrate l’ont fait pour le discours de Lysias - on ne trouverait donc pas une définition de l’amour.

Certes, dans le second discours, Socrate se met immédiatement à cette tâche et donne une définition de l’amour comme mania. Certes, Lysias commence in medias res en s’adressant au jeune homme et en affirmant qu’il n’en est pas amoureux. Mais il y a quand même une disparité dans la façon de traiter de ces discours: un est analysé mot à mot, les autres juste évoqués rapidement.

ἐνθουσιάζω,, ἐνθουσιαστικός scholia