In Platonis Phaedrum Scholia: 250d9-10

φρόνησις, κάλλος, ἐράσμιος, matérialité

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Σωκράτης
νῦν δὲ κάλλος μόνον ταύτην ἔσχε μοῖραν, ὥστ᾽ ἐκφανέστατον εἶναι καὶ ἐρασμιώτατον.

Socrate
Maintenant, seulement la beauté a eu ce destin d'être la chose la plus sensible et aussi la plus aimable.

Platon, Phèdre, 250d9-250d10

La pensée ne peut pas être vue. Tout ce qui est de l’ordre des idées, tout ce qui appartient à la φρόνησις est invisible, car s’il était visible il provoquerait des grands troubles. À part la beauté: κάλλος. La beauté est une idée qui se manifeste sensiblement. C’est sa force, sa particularité par rapports aux autres idées.

Elle se montre donc et produit de la lumière (ἐκφαίνω). Elle est la plus visible, celle qui produit le plus de lumière, qui brille le plus et donc notre vue - même si elle est faible en tant que sens corporel - est capable de la percevoir.

Et non seulement elle est l’idée, la forme, l’essence la plus sensible, mais elle est aussi la plus aimable, celle qui déclenche l’amour (ἐράσμιος).

La question de la matérialité revient donc ici: l’idée la plus aimable est aussi matérielle, sensible. Et les autres idées? Sont-elles vraiment immatérielles? Ou alors leur matérialité est juste top raffinée pour que nos sens imprécis et flous soient capables de la saisir? C’est ce que semblait dire Platon: nos organes sont trop rudimentaires. Les fait qu’on ne voie pas toutes les étoiles, car leur lumière est trop loin et nos sens trop faibles ne signifie pas qu’elles ne soient pas matérielles…

φρόνησις, κάλλος, ἐράσμιος, matérialité scholia