In Platonis Phaedrum Scholia: 244c3-5

ἀπειροκάλως, ὄνομα, παλαιός, μανία

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Σωκράτης
ἀλλ᾽ ὡς καλοῦ ὄντος, ὅταν θείᾳ μοίρᾳ γίγνηται, οὕτω νομίσαντες ἔθεντο, οἱ δὲ νῦν ἀπειροκάλως τὸ ταῦ ἐπεμβάλλοντες μαντικὴν ἐκάλεσαν.

Socrate
Mais puisqu'il l'ont considérée comme une chose belle quand elle vient d'un don divin, il l'ont nommée ainsi; les modernes, en revanche, grossièrement, en ajoutant au milieu un tau l'ont appelée "mantike"

Platon, Phèdre, 244c3-244c5

La sagesse des anciens se heurte à l’ignorance et la grossièreté des modernes (οἱ δὲ νῦν, ceux de maintenant). Les premiers ont une sensibilité pour la beauté, les seconds l’ignorent. L’adverbe ἀπειροκάλως, grossièrement, signifie à la lettre “ignorant du beau”. L’art de donner des noms se fonde sur la capacité de faire correspondre les sons au sens de ce qu’ils désignent. La manie est belle et elle est un don des dieux et c’est grâce à elle qu’on peut lire le futur. Les anciens le savent et laissent dans le nom de l’art divinatoire la trace de la manie. Les modernes ajoutent un tau et transforment l’art manique en art mantique.

Cette étrange parenthèse étymologique fait un peu penser aux jeux sur les rapports entre ῥώμη et ἔρως ou sur l’origine du nom des Muses. Même dans le cadre de sa palinodie, Socrate continue de jouer avec les dieux.

ἀπειροκάλως, ὄνομα, παλαιός, μανία scholia