In Platonis Phaedrum Scholia: 241a2-5
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Σωκράτης
τότε δὴ δέον ἐκτίνειν, μεταβαλὼν ἄλλον ἄρχοντα ἐν αὑτῷ καὶ προστάτην, νοῦν καὶ σωφροσύνην ἀντ᾽ ἔρωτος καὶ μανίας, ἄλλος γεγονὼς λέληθεν τὰ παιδικά.
Socrate
Et quand il faut payer, puisqu'il a changé et qu'il a un autre maître en lui et une autre autorité, la raison et la tempérance à la place de l'amour et de la folie, il est devenu un autre sans que le jeune ne s'en aperçoive.
Platon, Phèdre, 241a2-241a5
Le futur a été produit à force de promesses et de serments qui ne se réaliseront pas car l’amoureux a changé. Quand le moment de tenir les promesses arrive, il a changé, il n’est plus le même, car les principes qui le gouvernent ne sont plus les mêmes.
Rappelons que Socrate avait commencé son discours en affirmant qu’en chacun de nous il y a deux principes: la tempérance (σωφροσύνη) ou la démesure (ὕβρις). Il avait ensuite expliqué que l’amour est une forme de démesure - peut-être la plus éclatante car la plus “forte” - vous vous rappelez le mauvais jeux de mots entre amour et force (ἔρως et ῥώμη). L’amoureux est donc, par définition, sous l’emprise de la démesure. Ici on associe l’amour à un autre concept qui était resté implicite: celui de folie (μανία).
Or quand le principe qui domine un être humain change, c’est l’être humain tout entier qui devient autre chose: l’amoureux, quand l’amour passe, devient tempérant et donc devient un autre. Mais l’aimé ne peux pas le savoir: cette transformation arrive sans qu’il puisse s’en rendre compte.
La question qu’on pourrait se poser est: pourquoi l’amour finit? Comment est-ce possible que l’amoureux passe du vice à la vertu de façon si rapide et inattendue? Quelle est la cause de ce changement? Tout cela n’est pas expliqué…