In Platonis Phaedrum Scholia: 278b8-c5

genius loci, locus amoenus, pensée non humaine

Lire les autres billets de la série

Σωκράτης
καὶ σύ τε ἐλθὼν φράζε Λυσίᾳ ὅτι νὼ καταβάντε ἐς τὸ Νυμφῶν νᾶμά τε καὶ μουσεῖον ἠκούσαμεν λόγων, οἳ ἐπέστελλον λέγειν Λυσίᾳ τε καὶ εἴ τις ἄλλος συντίθησι λόγους, καὶ Ὁμήρῳ καὶ εἴ τις ἄλλος αὖ ποίησιν ψιλὴν ἢ ἐν ᾠδῇ συντέθηκε, τρίτον δὲ Σόλωνι καὶ ὅστις ἐν πολιτικοῖς λόγοις νόμους ὀνομάζων συγγράμματα ἔγραψεν:

Socrate
Et toi, en allant chez Lysias, dis lui que nous deux, en descendant à la source des Nymphes et à leur sanctuaire nous avons entendu des discours qui nous ont imposé de dire à Lysias et à quiconque veuille composer des discours, à Homère et à tous ceux qui composent de la poésie avec ou sans musique et en troisième à Solon et à ceux qui écrivent des composition dans le domaine politique en les appelant lois ce qui suit:

Platon, Phèdre, 278b8-278c5

Il avait déjà été question de Nymphes au début du dialogue. Phèdre et Platon venaient de trouver le lieu parfait pour s’arrêter à lire le discours de Lysias, le platane, la rivière, l’eau fraiche, l’herbe qui permet de s’allonger. Ce lieu parfait, ce locus amoenus a tout ce qu’il faut pour parler. Il est comme habité par des Nymphes. Ce sont elles qui pensent, c’est leur pensée qui a envahi Phèdre et Socrate. Ces Nymphes sont la garantie de légitimité de ce qui a été dit. Les résultats du raisonnement sont vrais parce que ils ont émergé ici, dans ce lieu habité par les Nymphes.

La formulation de Socrate souligne la passivité des deux protagonistes: ce que Phèdre doit aller dire à Lysias ce n’est pas que Socrate et lui ont raisonné ou pensé et qu’ils sont arrivés à des conclusions. Rien de tout cela: ils ont entendu (ἀκούω) des discours à la source et au temple des Nymphes. Ils ont juste entendu, presque par hasard, juste parce que ces discours peuplent ces lieux.

genius loci, locus amoenus, pensée non humaine scholia