In Platonis Phaedrum Scholia: 276c10-d9

γράμμα, παιδιή, κῆπος, ὑπόμνημα, jardin, παίζω, σχολή

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Σωκράτης
οὐ γάρ: ἀλλὰ τοὺς μὲν ἐν γράμμασι κήπους, ὡς ἔοικε, παιδιᾶς χάριν σπερεῖ τε καὶ γράψει, ὅταν δὲ γράφῃ, ἑαυτῷ τε ὑπομνήματα θησαυριζόμενος, εἰς τὸ λήθης γῆρας ἐὰν ἵκηται, καὶ παντὶ τῷ ταὐτὸν ἴχνος μετιόντι, ἡσθήσεταί τε αὐτοὺς θεωρῶν φυομένους ἁπαλούς: ὅταν δὲ ἄλλοι παιδιαῖς ἄλλαις χρῶνται, συμποσίοις τε ἄρδοντες αὑτοὺς ἑτέροις τε ὅσα τούτων ἀδελφά, τότ᾽ ἐκεῖνος, ὡς ἔοικεν, ἀντὶ τούτων οἷς λέγω παίζων διάξει.

Socrate
Non, en effet: mais les jardins lettrés, comme il semble, il les semera et les écrira - pourvu qu'il écrive - par jeu, afin de faire trésor pour lui de souvenirs, contre la vieillesse qui porte l'oubli quand elle arrive, et pour tous ceux qui se mettent sur le même chemin, et il jouira en voyant pousser ces tendres cultures; et quand d'autres s'entretiennent avec d'autres jeux en se dédiant à des banquets et à d'autres joies semblables, alors celui-ci passera probablement son temps à jouer avec les divertissements dont je parle.

Platon, Phèdre, 276c10-276d9

L’activité d’écriture - l’écriture sur du papyrus - n’est pas condamnée ici, elle est assimilée à un divertissement, un jeu. Il est à nouveau question de παιδιή et la παιδιή est ici clairement caractérisée de façon positive. C’est comme du jardinage, elle consiste à prendre soin d’un jardin (κῆπος). S’occuper de son propre jardin, une activité privée, destinée à remplir le temps vide avec quelque chose de beau: c’est encore de la σχολή, une oisiveté engagée qui s’oppose à la fatigue et au repos fatigué et inutile - comme celui qui était condamné par les cigales: les banquets et d’autres choses de ce type.

On peut se dédier activement à jouer (παίζω) et ce jeu peut être une manière pour se rappeler à la mémoire des connaissance, pour produire des souvenirs (ὑπόμνημα) qui manifestent ici tout leur caractère précieux.

La question ici est de savoir s’il y a vraiment autre chose que l’on puisse faire, à part s’occuper de son jardin: cette activité n’est pas la plus élevée, semble dire Socrate, car il faut lui préférer la recherche de la connaissance, la philosophie. Mais l’écriture est quand même profondément liée à la philosophie: si la philosophie consiste à essayer d’accéder à la mémoire de l’hyperouranion, l’écriture permet de ne pas faire disparaître cette mémoire une fois qu’elle a été retrouvée. De plus, on pourrait dire - et c’est Socrate lui-même qui le dira dans quelques répliques - que ce divertissement, ce jeu, est justement ce qui est en train d’occuper les deux personnages depuis le début du dialogue.

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