In Platonis Phaedrum Scholia: 276c6-9
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Σωκράτης
οὐκ ἄρα σπουδῇ αὐτὰ ἐν ὕδατι γράψει μέλανι σπείρων διὰ καλάμου μετὰ λόγων ἀδυνάτων μὲν αὑτοῖς λόγῳ βοηθεῖν, ἀδυνάτων δὲ ἱκανῶς τἀληθῆ διδάξαι.
Φαῖδρος
οὔκουν δὴ τό γ᾽ εἰκός.
Socrate
Et donc il ne les écrira pas sérieusement dans l'eau noire en semant avec un stylo avec des discours qui ne peuvent pas se défendre eux-mêmes et qui ne peuvent pas adéquatement enseigner la vérité.
Phèdre
Ce n'est pas vraisemblable.
Platon, Phèdre, 276c6-276c9
La métaphore continue: écrire un discours est comme écrire dans l’eau. Encore une fois, le problème n’est pas l’écriture, mais son support. Le papyrus est comme de l’eau, il disparaît, il n’est pas stable. La stabilité supposée de l’écrit est une illusion: si on recherche de la stabilité et de la pérennité, on la trouvera dans l’âme et non pas dans le papyrus.
C’est une idée assez contre-intuitive et qui adresse un problème nouveau: souvent les discours sont écrits avec l’idée que l’écriture donnera stabilité: le discours écrit reste. C’est le cas des lois, qu’on écrit pour en assurer la durée dans le temps. Mais la vraie durée va au delà du temps sensible: c’est une durée métaphysique et transcendante, c’est le temps de l’âme, un temps intelligible et éternel. Les êtres humains peuvent mourir, mais les âmes sont immortelles et donc si quelque chose est écrit dans une âme, cela reste pour toujours.
Encore une fois l’unité du dialogue se manifeste avec force: le discours sur la métempsychose est nécessaire pour comprendre ce passage.