In Platonis Phaedrum Scholia: 276d10-e3
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Φαῖδρος
παγκάλην λέγεις παρὰ φαύλην παιδιάν, ὦ Σώκρατες, τοῦ ἐν λόγοις δυναμένου παίζειν, δικαιοσύνης τε καὶ ἄλλων ὧν λέγεις πέρι μυθολογοῦντα.
Phèdre
Tu parles vraiment d'un jeu merveilleux, Socrate, à côté des divertissements stupides, celui de qui est capable de s'entretenir avec les discours, en racontant des histoires à propos de la justice et des autres qualités dont tu parles.
Platon, Phèdre, 276d10-276e3
Ce jeu, cette παιδιή, est magnifique: πάγκαλος, tout à fait beau, complètement beau.
Certes cette qualité du jeu n’est reconnue qu’en opposition à d’autres occupations oisives qui sont φαῦλος, inférieures, de mauvaise qualité: écrire est toujours mieux que passer son temps à se souler. Ce n’est pas un énorme compliment, en effet. Ou si?
Cela dépend de comment on comprend la σχολή; si on revient au mythe des cigales, il y a une oisiveté clairement mauvaise et une divine. L’opposition n’est pas entre deux pertes de temps plus ou moins nuisibles, mais entre une perte de temps nuisible et une divine. D’une part le fait de dormir et se reposer sous les arbres - satisfaire donc les besoins d’un corps fatigué - de l’autre le fait de s’impliquer activement dans le jeu de la réflexion et des discours.
La παιδιή de l’écriture est dédiée aux choses les plus élévées: la justice et les autres idées parfaites comme celle de bonté et beauté que Socrate n’a cessé de citer dans les dernières répliques. Cette occupation ludique touche donc aux choses les plus élevées dont puisse s’occuper un être humain. Ce n’est par contre pas un contact direct: nous ne sommes pas dans l’hyperouranion. C’est un contact médié par le mythe, par le fait de raconter des histoires: μυθολογέω .
Ce sont certes des histoires, des représentations des idées et pas les idées elles-mêmes. Mais Socrate a déjà répété plusieurs fois que le mythe est la seule manière pour avoir, en tant qu’êtres humains, accès à ce qui est transcendent.
