In Platonis Phaedrum Scholia: 275c5-d2

ὑπόμνησις, μνήμη

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Σωκράτης
οὐκοῦν ὁ τέχνην οἰόμενος ἐν γράμμασι καταλιπεῖν, καὶ αὖ ὁ παραδεχόμενος ὥς τι σαφὲς καὶ βέβαιον ἐκ γραμμάτων ἐσόμενον, πολλῆς ἂν εὐηθείας γέμοι καὶ τῷ ὄντι τὴν Ἄμμωνος μαντείαν ἀγνοοῖ, πλέον τι οἰόμενος εἶναι λόγους γεγραμμένους τοῦ τὸν εἰδότα ὑπομνῆσαι περὶ ὧν ἂν ᾖ τὰ γεγραμμένα.
Φαῖδρος
ὀρθότατα.

Socrate
Donc celui qui croit pouvoir transmettre un art avec des écrits, et celui qui l'accueille comme s'il pouvait tirer quelque chose de précis et de pérenne des lettres, il doit être plein de naïveté et ignorant de la prophétie d'Ammon s'il pense que les discours écrits soient quelque chose de plus qu'une manière pour rappeler à la mémoire à qui les sait déjà les choses dont parle l'écrit.
Phèdre
C'est très juste

Platon, Phèdre, 275c3-275d2

On pourrait penser que cette phrase est juste une récapitulation de ce qui a déjà été dit dans le mythe de Theuth et Thamous. Mais à une lecture plus attentive ce n’est pas le cas. L’opinion que Socrate exprime sur l’écriture est différente.

Thamous avait affirmé que l’écriture produit oubli. L’écriture non seulement n’aide pas la mémoire, elle lui nuit. Ici Socrate dit quelque chose de très différent: l’écriture ne peut pas être un système pour apprendre de nouvelles choses, mais juste pour se souvenir de ce que l’on sait déjà. Cela était en effet la proposition de Theuth qui ne présentait pas l’écriture comme une technique pour apprendre, mais juste comme une technique pour se rappeler.

Dans cette phrase Socrate nous dit que l’écriture, en effet, n’est pas une technique qui permette la μνήμη, si la μνήμη est le fait de se rappeler ce qu’on a vu dans l’hyperouranion. Car dans ce sens, la μνήμη est un apprentissage de nouvelles choses (par rapport au monde sensible). Il faut donc apprendre autrement qu’à travers des manuels et ensuite utiliser les manuels seulement pour se rappeler de ce qu’on a déjà appris. L’ὑπόμνησις ici n’est pas critiquée comme poison contre la mémoire; elle semble au contraire pouvoir être utile à la mémoire, à condition qu’on ne la confonde pas avec la μνήμη.

ὑπόμνησις, μνήμη scholia