In Platonis Phaedrum Scholia: 273c7-d1

δεινῶς, δεινός

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Σωκράτης
φεῦ, δεινῶς γ᾽ ἔοικεν ἀποκεκρυμμένην τέχνην ἀνευρεῖν ὁ Τεισίας ἢ ἄλλος ὅστις δή ποτ᾽ ὢν τυγχάνει καὶ ὁπόθεν χαίρει ὀνομαζόμενος. ἀτάρ, ὦ ἑταῖρε, τούτῳ ἡμεῖς πότερον λέγωμεν ἢ μὴ—
Φαῖδρος
τὸ ποῖον;

Socrate
Hélas, il semble avoir trouvé un art terriblement caché ce Tisias, ou qui par hasard l'a trouvé, peu importe comment il veut s'appeller. Mais mon ami, nous lui dirons ou pas...
Phèdre
Quoi?

Platon, Phèdre, 273c7-273d1

L’ironie continue et caricature encore plus Tisias en utilisant l’adverbe δεινῶς, terriblement. L’adverbe vient évidemment de l’adjectif δεινός, dont nous avons déjà parlé: terrible, mais à la foi merveilleux, car il dépasse les limites que les dieux ont données aux humains. Or l’art que Tisias semble avoir découvert serait “terriblement caché”, alors qu’il n’est qu’une série de banalités superficielles. Tisias, comme tous les sophistes, par ailleurs, revendiquerait la dimension non surhumaine de ce qu’il propose.

Rendons un peu justice à ces sophistes: leur point de départ est justement l’idée de mettre entre parenthèse tout ce qui transcende l’humain pour se concentrer sur ce dont, en tant qu’humains, nous pouvons parler. Il n’y a que l’humain, l’humain est la mesure de toutes les choses, c’est l’idée d’une modestie métaphysique fondamentale. En effet, aucun sophiste ne voudrait être, à proprement parler, δεινός.

La phrase de Socrate contient aussi une mise en question de l’attribution à Tisias: lui ou qui a inventé cet art. Suit une formule utilisée aussi pour parler des dieux sans leur imposer un nom: on nomme un dieu et on dit ensuite “ou n’importe quel autre nom il veuille s’attribuer”. Cette tension entre humain et divin est donc au centre de cette réplique. Socrate et sa métaphysique de la transcendance et les sophistes humains, solon Socrate, trop humains.

Phèdre essaie de tenir le rythme, il interrompt et relance…

δεινῶς, δεινός scholia