In Platonis Phaedrum Scholia: 269b4-c5

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Σωκράτης
ἢ ἅτε ἡμῶν ὄντας σοφωτέρους κἂν νῷν ἐπιπλῆξαι εἰπόντας: ‘ὦ Φαῖδρέ τε καὶ Σώκρατες, οὐ χρὴ χαλεπαίνειν ἀλλὰ συγγιγνώσκειν, εἴ τινες μὴ ἐπιστάμενοι διαλέγεσθαι ἀδύνατοι ἐγένοντο ὁρίσασθαι τί ποτ᾽ ἔστιν ῥητορική, ἐκ δὲ τούτου τοῦ πάθους τὰ πρὸ τῆς τέχνης ἀναγκαῖα μαθήματα ἔχοντες ῥητορικὴν ᾠήθησαν ηὑρηκέναι, καὶ ταῦτα δὴ διδάσκοντες ἄλλους ἡγοῦνταί σφισιν τελέως ῥητορικὴν δεδιδάχθαι, τὸ δὲ ἕκαστα τούτων πιθανῶς λέγειν τε καὶ τὸ ὅλον συνίστασθαι, οὐδὲν ἔργον ὄν, αὐτοὺς δεῖν παρ᾽ ἑαυτῶν τοὺς μαθητὰς σφῶν πορίζεσθαι ἐν τοῖς λόγοις’.

Socrate
Ou alors, vu qu'ils sont plus sages que nous, ils nous réprimanderaient en disant: 'Chers Phèdre et Socrate, il ne faut pas se fâcher, mais être compréhensif si certains, parce qu'ils ne connaissent pas la dialectique, sont incapables de dire ce qu'est la rhétorique, et si, à cause de ce sentiment, puisqu'ils possèdent des connaissances nécessaires pour l'art oratoire, ils croient avoir découvert la rhétorique et en enseignant ces choses ils pensent conduire les autres jusqu'au bout de la rhétorique et ils pensent qu'utiliser ces techniques pour parler de manière persuasive et en faire un tout cohérent c'est une chose sans importance et que chaque élève doit le réaliser tout seul dans ses discours."

Platon, Phèdre, 269b4-269c5

Et voici la seconde possibilité introduite par le πότερος: au lieu de se fâcher et passer aux insultes, les deux grands hommes politiques feraient comme le bon enseignant de musique. Ils resteraient calmes parce qu’ils sont plus sages que Phèdre et Socrate. Socrate continue à faire comme si son ami et lui s’étaient fâchés, ce qui, comme nous l’avons dit, n’est pas le cas. Ou peut-être si, un petit peu: Socrate est en train de se parler à soi même et de se réprimander lui-même, en incluant Phèdre malgré son point de vue différent.

Car Socrate est effectivement fâché contre les sophistes, il a envie de les insulter et il a probablement aussi envie d’insulter Phèdre qui les admire. En invoquant Adraste et Périclès il est en train de se dire: Socrate, ne t’énerve pas, c’est pas cela que fait un bon enseignant, il ne faut pas insulter Phèdre, il faut lui montrer son erreur.

Mais le discours imaginaire d’Adraste et Périclès ne donne pas une véritable justification pour les sophistes: il en explique juste l’erreur, qui est le même que font les autres personnages imaginaires, pour la médecine, pour la tragédie et pour la musique. Les sophistes connaissent des techniques qui sont certes nécessaires pour l’art oratoire mais qui ne sont pas l’art oratoire lui-même. Ils pensent que ces compétences sont l’art et que ce qui est au contraire le cœur de l’art véritable, la connaissance qui permet de produire une unité, est une broutille qu’on apprend tout seul avec un peu d’expérience.

Une remarque importante: Socrate semble avoir changé d’avis sur l’art oratoire. Il en avait dit que c’est un art sans art, qu’il ne pouvait pas être un art. Maintenant il semble dire qu’il peut y avoir un art oratoire, mais que cet art n’est pas celui des sophistes.

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