In Platonis Phaedrum Scholia: 269a6-9
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Σωκράτης
τί δὲ τὸν μελίγηρυν Ἄδραστον οἰόμεθα ἢ καὶ Περικλέα, εἰ ἀκούσειαν ὧν νυνδὴ ἡμεῖς διῇμεν τῶν παγκάλων τεχνημάτων—βραχυλογιῶν τε καὶ εἰκονολογιῶν καὶ ὅσα ἄλλα διελθόντες ὑπ᾽ αὐγὰς ἔφαμεν εἶναι σκεπτέα—
Socrate
Que pensons-nous donc que diraient Adraste à la voix de miel ou Périclès, si ils entendaient les très belles inventions que nous venons de lister - le style court, le style imagé et toutes les choses sur à propos desquelles nous avons parlé et dont nous avons dit qu'il fallait examiner en pleine lumière?
Platon, Phèdre, 269a6-269a9
Socrate arrive finalement à parler de rhétorique, en suivant le même schéma qui a été utilisé pour les autres arts: il cite deux autorités, deux représentants de la discipline. Deux et non pas un seul. Si chaque art n’avait qu’un père, cela impliquerait que l’art c’est lui, une identification entre art et individu qui donnerait trop d’importance à ce dernier. Certes, les deux médecins étaient père et fils, mais pour la médecine on citera ensuite Hippocrate, Asclépiade… il est évident que ce n’est pas l’art d’un seul homme. Sophocle et Euripide ont représenté la tragédie pendant des millénaires après Platon. Il est intéressant que Socrate cite ses contemporains - ou presque - au lieu que le plus ancien Eschyle. Pour rappel: Sophocle est né en 495 et mort en 406, Euripide est né en 483 et mort lui aussi en 406, Socrate est né en 469 et mort en 399 tandis qu’Eschyle est né en 525 et il est mort en 456: il appartient donc à une génération précédente. Euryximaque est né autour de 448 et son père Acuménos probablement une vingtaine d’années avant: eux aussi ils sont donc des contemporains, ils sont tous vivants au moment du dialogue - alors qu’Eschyle est mort depuis une trentaine d’année par rapport au temps de la diégèse (autour de 415, même si la date est impossible à déterminer car Phèdre et Lysias n’étaient pas à Athène au même moment à cette époque). Les arts sont donc représentés par des contemporains, par ceux qui les pratiquent.
La rhétorique fait exception: évidemment Socrate ne peut pas citer Lysias ou Gorgias. Un des deux personnages est en effet un contemporain, mais déjà mort au moment du dialogue: Périclès est né la même année de Sophocle (495), mais il est mort avant, en 429. Adraste, le roi mythique d’Argos, cité par Homère dans l’Iliade, par exemple, n’a probablement jamais existé. Le choix des deux représentants de la rhétorique est donc immédiatement polémique: c’est une affirmation claire et explicite qui dit qu’il n’y a pas de vrais orateurs vivants - et que donc les amis de Phèdre ne sont pas des orateurs.
Il faut donc convoquer des autorités plus anciennes ou mythiques pour évaluer l’art des discours: des hommes politiques, des rois du passé. C’est à eux que Socrate demande d’évaluer la valeur des choses listées dans son éloge ironique de la rhétorique. Que valent les figures de style évoquées? Ces figures dont il avait dit - et il répète maintenant - qu’il fallait les examiner en pleine lumière (ὑπ᾽αὐγὰς)?
