In Platonis Phaedrum Scholia: 267e1-268a3
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Σωκράτης
ἐῶμεν δὴ τά γε σμικρά: ταῦτα δὲ ὑπ᾽ αὐγὰς μᾶλλον ἴδωμεν, τίνα καὶ πότ᾽ ἔχει τὴν τῆς τέχνης δύναμιν.
Φαῖδρος
καὶ μάλα ἐρρωμένην, ὦ Σώκρατες, ἔν γε δὴ πλήθους συνόδοις.
Socrate
Laissons donc de côté les petites choses: regardons mieux à la lumière les choses que nous avons dites pour voir quel pouvoir de l'art elles possèdent et comment cela fonctionne.
Phèdre
Elles ont une grande force, Socrate, en particulier dans les réunions populaires.
Platon, Phèdre, 267e1-268a3
Le discours de Socrate listant les merveilles de la rhétorique est donc fini. Il ne reste plus que des petites choses sans importance, a dit Phèdre, et Socrate décide donc qu’il peut arrêter son spectacle d’orateur. Socrate redevient sérieux, après avoir cessé de faire le clown. Maintenant il faut recommencer à faire de la philosophie: une analyse s’impose, il faut voir si l’ensemble des choses listées a un sens ou pas. Quel est le pouvoir (δύναμις) de ces figures rhétoriques? Que peuvent-elles faire? Quels effets peuvent-elles provoquer?
La réponse de Phèdre est immédiate: Socrate lui a proposé un discours auquel il est habitué car c’est justement le discours des sophistes. Phèdre est donc en terre connue et il peut affirmer avec certitude que le pouvoir des figures rhétoriques est énorme. La précision qui suit est fondamentale: la rhétorique est un art judiciaire, elle concerne les réunions (σύνοδος) des foules. Il ne s’agit pas d’un art qui concerne les discours en général, mais seulement les discours publics, qui ont une fonction politique ou légale. C’est justement l’inverse de ce que Socrate avait démontré dans la première analyse de la rhétorique, où il avait souligné comme cet art devrait concerner en général n’importe quel discours.
La différence est importante: il s’agit selon Phèdre d’un spectacle d’illusionniste, qui convainc une majorité distraite. L’adresse à une foule permet de ne pas trop se concentrer sur les détails. Mais Socrate veut une analyse précise de ces discours: l’effet “foule” ne le grise pas.