In Platonis Phaedrum Scholia: 267c6

ὀρθοέπεια, ironie, παράψογος

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Σωκράτης
ὀρθοέπειά γέ τις, ὦ παῖ, καὶ ἄλλα πολλὰ καὶ καλά.

Socrate
Un livre sur "La prononciation correcte", mon cher, et plein d'autres belles choses.

Platon, Phèdre, 267c6-267c6

ὀρθοέπεια un autre titre d’ouvrage, probablement. “La prononciation correcte” (de ὀρθός et ἔπω). Protagoras aurait écrit cela, nous dit Socrate. La bonne prononciation, la bonne diction est donc une autre compétence que doit avoir l’orateur.

L’ajout “καὶ ἄλλα πολλὰ καὶ καλά” est encore une fois ironique: plein d’autres belles choses. Des “belles choses” doit être compris comme des choses inutiles et vides. Socrate utilise, dans tout ce discours, une figure rhétorique, justement l’ironie: la capacité de dire le contraire de ce qu’on dit. Cela signifie qu’il est en train de se moquer de Phèdre à plusieurs niveaux: il fait une liste de figures rhétoriques “inventées” par les “grands” sophistes et en même temps, avec un métadiscours, il en utilise une en trompant Phèdre et en lui faisant croire qu’il est en train de dire le contraire de ce qu’il veut réellement dire. Phèdre se sent érudit parce qu’il connaît la liste des figures rhétoriques et des manuels cités par Socrate, mais, de façon performative, Socrate lui démontre que cette connaissance est vide car elle ne lui permet pas de comprendre le sens du discours.

Car l’ironie de Socrate, ne s’apparente-t-elle pas aux différentes structures rhétoriques qu’il vient d’attribuer à Évenos de Paros? Justement, par exemple, le παράψογος, le blâme indirect?

L’expression “καὶ ἄλλα πολλὰ καὶ καλά” est justement un éloge, en apparence, un ἔπαινος, mais en réalité c’est un ψόγος, un blâme…

Le fait que Phèdre connaisse cette figure de style ne lui sert pas pour en identifier l’usage.

ὀρθοέπεια, ironie, παράψογος scholia