In Platonis Phaedrum Scholia: 265b7-c4

ἀπεικάζω, μετρίως, ὕβρις, πάθος

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Σωκράτης
καὶ οὐκ οἶδ᾽ ὅπῃ τὸ ἐρωτικὸν πάθος ἀπεικάζοντες, ἴσως μὲν ἀληθοῦς τινος ἐφαπτόμενοι, τάχα δ᾽ ἂν καὶ ἄλλοσε παραφερόμενοι, κεράσαντες οὐ παντάπασιν ἀπίθανον λόγον, μυθικόν τινα ὕμνον προσεπαίσαμεν μετρίως τε καὶ εὐφήμως τὸν ἐμόν τε καὶ σὸν δεσπότην ἔρωτα, ὦ Φαῖδρε, καλῶν παίδων ἔφορον.
Φαῖδρος
καὶ μάλα ἔμοιγε οὐκ ἀηδῶς ἀκοῦσαι.

Socrate
Et, je ne sais pas comment, en nous imaginant un sentiment amoureux, en saisissant peut-être une certaine vérité, et en nous trompant sur d'autres parties, en composant un discours qui n'était pas complétement sans force de persuasion, nous avons prononcé un hymne mythique, mésuré et respectueux, pour l'amour, notre maître commun qui protège les beaux jeunes, mon Phèdre.
Phèdre
Et il ne m'a pas déplu de l'écouter.

Platon, Phèdre, 265b7-265c4

Socrate propose ici une description très poétique de son propre discours - le second, bien sûr. Avec une série de participes, il décrit comment ce discours a pu être prononcé et finalement, avec la proposition principale, il nous dit ce que ce discours est: un hymne mesuré et respectueux. Comme pour le fameux πνεῦμα μέτριον, la question de la mesure revient ici: l’hymne à l’amour qu’est le second discours de Socrate est en accord et en harmonie avec le lieu, la rivière, le petit vent gentil et mesuré. Le premier discours a effleuré l’arrogance, la démesure, la ὕβρις, le second est respectueux, pieux et mesuré.

Penchons-nous maintenant sur cette suite de participes qui listent les conditions d’émergence du discours. La première condition est l’inspiration, évidemment. Il faut être dans le délire, dans la manie, pour pouvoir dire la vérité. Socrate a dit déjà que son discours a été fait par les dieux et que lui il n’en a aucun souvenir, justement parce qu’il était pris par le délire divin. Maintenant il donne une autre explication: il a fallu imaginer, simuler (ἀπεικάζω) une passion (πάθος) amoureuse. C’est un peu une pointe contre Phèdre: Socrate n’en est pas amoureux, donc, il a simulé une passion pour pouvoir se laisser prendre par le délire? L’ambiguïté reste, comme par rapport à la puissance de ce sentiment simulé: si le délire amoureux était réel, il n’y aurait pas de doute sur le fait que le discours dit la vérité. Mais c’est comme si cette première caractérisation (le sentiment amoureux est simulé) déterminait les autres caractéristiques: peut-être il y a eu quelque chose de vrai et quelque chose de faux, le discours n’est pas sans pouvoir de persuasion…

ἀπεικάζω, μετρίως, ὕβρις, πάθος scholia