In Platonis Phaedrum Scholia: 229b1-2

σκιά, πνεῦμα, πόα, καθίζω, κατακλίνω

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Φαῖδρος
ἐκεῖ σκιά τ᾽ ἐστὶν καὶ πνεῦμα μέτριον, καὶ πόα καθίζεσθαι ἢ ἂν βουλώμεθα κατακλινῆναι.
Σωκράτης
προάγοις ἄν.

Phèdre
Là-bas il y a de l'ombre et un petit vent, et de l'herbe pour s'asséoir ou, si nous voulons, pour s'allonger.
Socrate
Vas-y.

Platon, Phèdre, 229b1-229b2

De l’ombre, du vent et de l’herbe. C’est la modération, l’équilibre que ce lieu parfait offre à Socrate et Phèdre. Socrate en fera un éloge plus précis en le définissant comme un paradigme de locus amoenus dans quelques répliques. On recherche un plaisir, mais un plaisir modéré, équilibré - qui semble être en contradiction avec le délire déjà évoqué - mais aussi avec le mythe de Borée dont il va être question plus tard. La saison est chaude, il faut donc de l’ombre et le platane en fait. Il ne faut pas trop s’exposer au soleil, surtout à Athènes pendant l’été. Le vent est lui aussi modéré (μέτριος), un vent fort dérangerait, mais une petite brise détend, procure du plaisir. Et l’herbe permet d’être confortablement installé, sur quelque chose de doux.

Tout cela semble évident: nous voulons discuter en paix, nous sommes dans l’oisiveté des discours, nous cherchons donc une situation confortable pour pouvoir profiter de ce plaisir oisif.

Pourtant des contradictions semblent émerger.

L’ombre (σκιά): peut-on chercher la vérité à l’ombre? Ne devrait-on pas chercher la lumière éclatante du soleil?

Et l’herbe douillette, est-elle adaptée à Socrate, homme de ville, habitué à parler en marchant pieds nus sur des routes poussiéreuses?

Et encore les positions suggérées: on ne marchera pas pour discuter, on s’assoira et peut-être même - et finalement ce sera le choix de Sorcate - on s’allongera. La troisième position apparaît ici: on a parlé d’écouter et d’apprendre des discours assis - c’est ce que Phèdre a fait depuis l’aube - debout - en marchant, jusqu’à sortir des murs de la ville et à arriver dans ce lieu bucolique - et maintenant il est question de s’allonger sur l’herbe. Une pensée assise - de l’élève qui essaie de saisir les discours du maître - une pensée en marche - qui rend peut-être actif? qui de toute manière rend sain? - et une pensée allongée, peut-être plus divertissante? moins sérieuse?

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