In Platonis Phaedrum Scholia: 262a4-7
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Σωκράτης
δεῖ ἄρα τὸν μέλλοντα ἀπατήσειν μὲν ἄλλον, αὐτὸν δὲ μὴ ἀπατήσεσθαι, τὴν ὁμοιότητα τῶν ὄντων καὶ ἀνομοιότητα ἀκριβῶς διειδέναι.
Φαῖδρος
ἀνάγκη μὲν οὖν.
Socrate
Donc quelqu'un qui veut tromper un autre mais pas se tromper soi-même, doit distinguer précisement ce qui est semblable et ce qui ne l'est pas. Phèdre
C'est nécessaire.
Platon, Phèdre, 262a4-262a7
La conclusion du raisonnement arrive ici. Il n’est pas possible de tromper quelqu’un sans connaître, sans être capable de distinguer (διαείδω) de façon précise (ἀκριβῶς) la nature des choses.
Revenons donc à la structure de l’argument de Socrate. Comme nous l’avons dit, pour répondre à l’objection de l’art oratoire, selon laquelle il ne veut pas remplacer, mais accompagner la connaissance de la vérité, Socrate aurait pu essayer de démontrer que le fait de savoir la vérité implique le fait de savoir argumenter. Ce n’est pas sa stratégie. À une lecture superficielle on pourrait croire qu’il est en train de démontrer que l’art oratoire n’est pas une connaissance de la vérité, mais cela ne serait pas une réponse à l’objection, car justement l’art oratoire a dit ne pas vouloir être seul, mais accompagner la connaissance de la vérité.
Or ce que démontre ici Socrate est qu’il ne peut pas exister quelque chose comme l’art oratoire, car il est impossible de séparer forme et contenu. Il n’y a pas l’art de ruser et ensuite la connaissance de la vérité. Les deux ne peuvent qu’être une et une même chose.
Cette idée va encore dans le sens de notre réflexion sur la matérialité. Justement Socrate ne critique pas quelqu’un qui se concentre sur la forme (matérielle) d’un discours au lieu que sur son contenu; il démontre que cela n’est pas possible.
C’est ainsi qu’il faut aussi comprendre la critique aux sophistes: le problème n’est pas qu’ils ne donnent pas d’importance à la vérité et que leur art se concentre sur la capacité de ruser avec la forme. Le problème est qu’ils n’ont aucun art et dont rien à enseigner.
