In Platonis Phaedrum Scholia: 258e7-259a1

σχολή, πνῖγος, τέττιξ, pensée non humaine

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Σωκράτης
καὶ ἅμα μοι δοκοῦσιν ὡς ἐν τῷ πνίγει ὑπὲρ κεφαλῆς ἡμῶν οἱ τέττιγες ᾁδοντες καὶ ἀλλήλοις διαλεγόμενοι καθορᾶν καὶ ἡμᾶς.

Socrate
et il me semble aussi que, comme au moment le plus chaud de la journée, les cigales, sur nos têtes, en chantant et en conversant entre elles, nous regardent aussi.

Platon, Phèdre, 258e7-259a1

Nous sommes ἐν τῷ πνίγει: au moment de la chaleur la plus étouffante, au moment le plus chaud de la journée. Voici une autre référence à la situation matérielle du dialogue: la matinée est finie, nous sommes sous le soleil et cette situation implique une posture par rapport à la pensée.

L’environnement détermine les actions et détermine donc aussi la pensée. Socrate affirme que c’est le moment de se dédier à l’oisiveté, à la σχολή, parce que nous sommes au moment le plus chaud de la journée.

On en avait déjà discuté lorsque Phèdre avait dit que Socrate ne pouvait pas partir parce qu’il était midi et il faisait trop chaud. La chaleur implique l’inaction, la non occupation et donc la philosophie. On ne peut philosopher que dans la chaleur d’Athènes, car c’est justement la chaleur qui empêche de faire autre chose.

Cette chaleur est le moment des cigales (τέττιξ). Ces animaux sont les représentants par excellence de la σχολή, et leur oisiveté est divine. Les cigales chantent et conversent (διαλέγομαι). Cette conversation est justement ce que Phèdre et Socrate devront faire, parce c’est ce qu’on fait ἐν τῷ πνίγει.

Encore une fois la cause de la pensée n’est pas l’individu, elle est externe, elle est la matérialité d’une situation, représentée par des petits animaux qui chantent dans les arbres.

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