In Platonis Phaedrum Scholia: 257a5

ἀνάγκη, ποιητικός, Maria Zambrano

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Σωκράτης
τά τε ἄλλα καὶ τοῖς ὀνόμασιν ἠναγκασμένη ποιητικοῖς τισιν διὰ Φαῖδρον εἰρῆσθαι.

Socrate
elle a été nécessairement dite avec des mots poétiques à cause de Phèdre.

Platon, Phèdre, 257a5-257a5

Cette affirmation est très ambigüe. Il y a encore une nécessité, une ἀνάγκη (exprimée avec le verbe ἀναγκάζω). Socrate, encore une fois, n’est pas responsable de son discours: ses contenus sont produits par le dieu, ou par son démon, sa forme est rendue nécessaire par la présence de Phèdre et par les préférences esthétiques de ce dernier. Socrate, comme tout individu, n’est pas producteur de pensée, la pensée vient d’ailleurs, elle est externe.

Mais est-ce vrai que le langage poétique (ποιητικός) a été rendu nécessaire par Phèdre? Que veut dire ici Socrate?

Car pendant le discours, on aurait plutôt attribué cette nécessité à la nature même du sujet à traiter: il n’est pas possible de parler de l’hyperouranion autrement que par métaphores poétiques, car le langage humain est trop limité pour faire autrement.

Je pense à Maria Zambrano et à son Philosophie et poésie dans lequel elle affirme, en parlant de Platon, que “celui qui semblait être né pour la poésie a choisi la philosophie”. Zambrano décrit ce passage comme un déchirement: la philosophie naît de l’étonnement que seule la poésie peut exprimer, mais ensuite elle détruit cet étonnement pour le rendre dicible, pour le rendre rationnel: “La philosophie est une extase qu’un déchirement fait échouer”.

C’est peut-être de ce déchirement qu’il est ici question. Platon réprime, refoule la poésie et pour ce faire il en excuse la nécessité en l’attribuant à quelqu’un d’autre.

ἀνάγκη, ποιητικός, Maria Zambrano scholia