In Platonis Phaedrum Scholia: 252b1-3
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Σωκράτης
τοῦτο δὲ τὸ πάθος, ὦ παῖ καλέ, πρὸς ὃν δή μοι ὁ λόγος, ἄνθρωποι μὲν ἔρωτα ὀνομάζουσιν, θεοὶ δὲ ὃ καλοῦσιν ἀκούσας εἰκότως διὰ νεότητα γελάσῃ.
Socrate
Ce sentiment, mon beau garçon, sur lequel porte mon discours, les hommes l'appellent amour, quand tu entendras comment l'appellent les dieux, peut-être, à cause de ta jeunesse, tu riras.
Platon, Phèdre, 252b1-252b3
Dans les règles de l’art oratoire, arrive maintenant la définition: ce sur quoi porte ce discours est ce qu’on appelle Amour. Revient après plusieurs pages l’adresse à Phèdre: ὦ παῖ καλέ, mon beau garçon. Phèdre avait presque disparu et Socrate avec lui: le discours s’était tellement éloigné de la situation de son énonciation qu’on l’avait oubliée.
Le pronom personnel μοι fait réapparaître aussi Socrate. Les revoilà, les deux protagonistes, avec leurs pieds nus sur l’herbe mouillée par l’Ilisos. Les hommes appellent (ὀνομάζω) cette chose Amour, ἔρως. Les noms signifient quelque chose, ils parlent, ils disent quelque chose. Et Socrate annonce qu’il va recommencer ses étymologies farfelues: ἔρως ne signifie pas grande chose, c’est le nom donné par les hommes qui ne savent pas la vérité. Les dieux disent autrement. C’est le même dispositif qu’on a retrouvé avec l’art man(t)ique avec une opposition entre modernes et anciens: les noms récents sont des détériorations des noms plus anciens qui avaient un lien plus fort avec la vérité.
Mais la vérité peut faire rire les non initiés ou le trop jeunes. L’ambiguïté ici est très intéressante, car ce qui suit n’a rien de sérieux. Est-ce vrai que les jeunes comprennent moins bien la vérité et que pour cela ils en rient? Ou alors, c’est plutôt le contraire? Les jeunes sont peut-être plus rationnels?