In Platonis Phaedrum Scholia: 246b8-10
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Σωκράτης
ψυχὴ πᾶσα παντὸς ἐπιμελεῖται τοῦ ἀψύχου, πάντα δὲ οὐρανὸν περιπολεῖ, ἄλλοτ᾽ ἐν ἄλλοις εἴδεσι γιγνομένη.
Socrate
L'âme entière prend soin de ce qui est inanimé, elle pénètre dans l'univers entier en prenant des formes différentes dans chaque chose.
Platon, Phèdre, 246b8-246b10
ψυχὴ πᾶσα. Nous avons déjà trouvé cette expression au début du raisonnement. Nous avons dit que l’adjectif πᾶς, tout, peut avoir le sens de “toute entière” ou de “chaque” - un peu comme en français, “toute âme” ou “l’âme toute”. Si dans la première phrase “ψυχὴ πᾶσα ἀθάνατος.” j’avais traduit “chaque âme est immortelle”, ici il me semble difficile de ne pas comprendre le πᾶσα comme “toute entière”. Il y a donc quelque chose d’unitaire qui serait l’âme qui ensuite se différencierait en plusieurs âmes?
Cette question - qui revient d’ailleurs aussi chez Aristote, avec l’ambigüité dans le De interpretatione à propos de l’intellect actif qui semblerait plutôt être un pour tous et non un dans chaque individu - me semble vraiment centrale et profondément liée à la question de la pensée non humaine qui revient dans ma lecture du Phèdre. Si l’âme est une, elle est ontologiquement externe aux corps où à la fin elle s’incarne. Elle n’est pas profondément liée à ces corps. La distinction intéressante n’est pas tellement cette entre corps et âme - qui au contraire pose une série de problèmes - mais plutôt celle entre pensée et individu.
Dans la description que Socrate donne du rapport entre âme et corps (une âme et plusieurs corps), il me semble qu’on puisse aller au delà de l’opposition entre matérialité et immatérialité pour rechercher plutôt le jeu dynamique d’une série de composantes qui font finalement émerger le monde. Mais évidemment ma lecture force le texte.