In Platonis Phaedrum Scholia: 245c5

ψυχή

Lire les autres billets de la série

Σωκράτης
ψυχὴ πᾶσα ἀθάνατος.

Socrate
Chaque âme est immortelle.

Platon, Phèdre, 245c5-245c5

Il est évident que Socrate ne veut pas tellement donner des définitions qui servent à fonder ses argumentations. Il veut plutôt traiter un sujet qui lui semble pressant et nécessaire. Il vient de dire qu’il faut donner une définition de l’âme, en saisir la nature. Mais avant de donner cette définition il en souligne une propriété. Nous ne savons pas ce qu’est l’âme, mais nous devons savoir qu’elle est immortelle.

La question de la mortalité ou immortalité de l’âme est urgente, nécessaire, intéressante pour tous. Le problème n,est plus tellement de parler d’amour, mais d’abord d’essayer de justifier notre propre existance, de donner un sens à notre vie d’êtres humains.

Le discours devient donc autre. Son objectif a changé. Nous parlons maintenant de choses qui nous tiennent vraiment à coeur, car il y va de nous mêmes. Cette affirmation de l’immportalité de l’âme nous fait changer de perception: il ne s,agit plus de faire des discours branchés, à la mode et élégants, il ne s,agit plus de gagner une compétition, il ne s,agit plus de faire la court à Phèdre ou de jouer à s,exciter l’un l’autre; maintenant il est question de s’interroger sur les thématiques de fond, celles qui nous concernent profondément.

Avec une phrase, ou plutôt, avec trois mots, on a complètement changé l’horizon d’attente. Par ailleurs les phrases se font plus courtes, moins complexes d’un point de vue syntaxique, plus directes. Elles expriment des vérités primaires.

L’âme est immortelle. Mais il y a un mot de plus: πᾶσα. Cet adjectif peut avoir ici deux significations: il peut signifier “chaque”, ou “toute entière”. Il est donc possile de comprendre ces trois mots de deux différentes manieres: chaque âme est immortelle ou alors l’âme toute entière est immortelle. Il ne s,agit pas d,une question mineure. Il faut savoir si l’âme est quelque chose qui concerne chaque individus, s’il y a donc plusieurs âmes, une par personne - et potentiellement aussi par animal? ou par chose? - ou s’il y a une âme qui dans sa totalité est immortelle. Cette âme pourrait ne pas appartenir à chaque individu, mais plutôt être le principe qui anime tout.

Est-ce que Socrate parle de ‘âme du monde ou de l’âme individuelle? Y a-t-il quelque chose comme une âme individuelle? Y a-t-il quelque chose comme une âme du monde?

Ḑans la suite du dialogue ces deux possibilités rentreront en tension. Il semblerait que l’option de l’âme individuelle soit celle qui prévaut. Mais comme toujours, ces tensions sont loin d’être résolues de façon claire et non ambiguë.

ψυχή scholia