In Platonis Phaedrum Scholia: 245c6-7

ψυχή, κίνησις, ἀεικίνητος

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Σωκράτης
τὸ γὰρ ἀεικίνητον ἀθάνατον: τὸ δ᾽ ἄλλο κινοῦν καὶ ὑπ᾽ ἄλλου κινούμενον, παῦλαν ἔχον κινήσεως, παῦλαν ἔχει ζωῆς.

Socrate
Ce qui se meut toujours est en effet immortel; ce qui meut quelque chose d'autre et qui est mu par quelque chose d'autre, lorsqu'il arrête son mouvement, arrête aussi sa vie.

Platon, Phèdre, 245c6-245c7

La démonstration de l’immortalité de l’âme sera basée sur la question du mouvement (κίνησις). Cette première phrase pose une question: le terme ἀεικίνητος signifie “qui se meut toujours”. Or le reste de la phrase parle du fait que les choses qui se meuvent toutes seules sont immortelles. La pérennité du mouvement et la cause du mouvement sont donc mis ensemble comme s’ils étaient la même chose. Or ne peut-on pas imaginer une chose qui se meut toute seule mais qui à un moment s’arrête?

Certes, l’idée ici est que si la cause est interne elle persiste toujours tandis que si elle est externe elle peut cesser. Mais il reste étrange de mélanger ainsi les deux aspects.

Pour bien expliquer le raisonnement il faut donc ajouter un passage:

  1. Ce qui se meut toujours ne peut qu’être mu par soi-même, car autrement il faudrait imaginer quelque chose qui vient avant lui, ce qui n’est pas possible si ce qui se meut se meut aussi depuis toujours. Donc il n’y a rien d’antécédent au mouvement et donc il ne peut pas y avoir une cause externe à la chose qui se meut depuis toujours
  2. Ce qui est mu par quelque chose d’autre doit son mouvement à quelque chose qui lui est externe et qui vient avant lui. Cette cause du mouvement peut cesser et donc le mouvement peut cesser. Donc cette chose n’est pas éternelle.

Reste encore une question: pourquoi ce qui meut quelque chose d’autre ne peut pas être immortel? Cette affirmation est évidemment fausse: le moteur immobile par définition meut d’autres choses et il est éternel. Il faut donc comprendre le καὶ comme une condition logique forte. On ne parle pas de ce qui meut quelque chose d’autre, mais de ce qui meut quelque chose d’autre et qui est mu par quelque chose d’autre. À savoir: même si quelque chose est cause de mouvement, si cette chose n’est pas aussi la cause de son propre mouvement, elle ne sera pas éternelle. Ce que Socrate veut dire est que l’âme n’est pas immortelle parce qu’elle est principe de mouvement, mais parce qu’elle est le principe de son propre mouvement.

On doit donc démontrer que l’âme est le principe de son propre mouvement. Cela impliquera qu’il n’y a rien qui la meut et que donc elle se mouvoir pour toujours et être éternelle.

ψυχή, κίνησις, ἀεικίνητος scholia