In Platonis Phaedrum Scholia: 243e3-6
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Σωκράτης
ποῦ δή μοι ὁ παῖς πρὸς ὃν ἔλεγον; ἵνα καὶ τοῦτο ἀκούσῃ, καὶ μὴ ἀνήκοος ὢν φθάσῃ χαρισάμενος τῷ μὴ ἐρῶντι.
Φαῖδρος
οὗτος παρά σοι μάλα πλησίον ἀεὶ πάρεστιν, ὅταν σὺ βούλῃ.
Socrate
Mais où est l'enfant à qui je parlais? Pour qu'il écoute aussi ce discours et qu'il n'aille pas, sans avoir entendu, se donner à quelqu'un qui ne l'aime pas.
Phèdre
Il est là, toujours tout près de toi, quand tu le veux.
Platon, Phèdre, 243e3-243e6
Socrate essaye de gagner un peu de terrain sur Phèdre: il ne renonce pas complètement à essayer de lui faire changer d’avis. Est-ce possible d’avoir du plaisir en écoutant des discours sans y croire nullement? Ne faut-il pas, pour que le plaisir soit réel, un minimum d’implication?
La stratégie qu’il propose est de faire rentrer Phèdre dans la peau de son personnage: le jeune à qui le discours s’adresse, ce jeune qu’il avait inventé pour créer un cadre à son premier discours - et pour se différencier de Lysias.
Faisant ainsi il enclenche à nouveau le mécanisme de séduction qu’a caractérisé plusieurs des échanges avec Phèdre: on revient à l’érotisme et la réponse de Phèdre montre que ce dernier est complètement d’accord pour jouer ce jeu. C’est en effet une réponse très provocatrice: οὗτος παρά σοι μάλα πλησίον ἀεὶ πάρεστιν. Tous les mots insistent sur cette présence proche répété par le verbe πάρεστι (être à coté), par la préposition παρά (à côté) par l’adverbe πλησίον (proche) renforcé par le μάλα (très) et par le ἀεὶ (toujours). Et la coordonnée fait encore plus monter l’excitation sexuelle: lorsque tu le veux, quand tu le voudras, quand tu le désireras (ὅταν σὺ βούλῃ).
C’est un jeu de rôle qui se met en place ici, car Phèdre ne correspond pas à la description donnée du jeune homme: il est beaucoup plus vieux, il n’est plus un adolescent. Et probablement il ne pourrait jamais être vraiment l’aimé de Socrate - ni de Lysias. Mais le jeu de séduction reste réel.