In Platonis Phaedrum Scholia: 241d10-e2

épique, δεινός

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Σωκράτης
οὐκ ᾔσθου, ὦ μακάριε, ὅτι ἤδη ἔπη φθέγγομαι ἀλλ᾽ οὐκέτι διθυράμβους, καὶ ταῦτα ψέγων; ἐὰν δ᾽ ἐπαινεῖν τὸν ἕτερον ἄρξωμαι, τί με οἴει ποιήσειν;

Socrate
Ne vois-tu pas, mon cher, que déjà je ne chante plus le dithyrambe, mais l'épique, et cela en faisant des critiques? Si je commence à louer l'autre, qu'est-ce que tu crois qu'il va m'arriver?

Platon, Phèdre, 241d10-241e2

La réponse de Socrate est fortement ironique. Au lieu qu’affirmer clairement que la pudeur l’empêche de continuer, il continue à jouer le jeu du grand artiste saisi par l’inspiration divine.

Sa dernière phrase, comme nous l’avons vu, était - presque - un hexamètre. Ce “presque” est important.

La phrase demande une élision assez maladroite pour devenir un hexamètre, ἄρνας (agneaux) en ἄρν’:

ὡς λύκοι ἄρν’ἀγαπῶσιν, ὣς παῖδα φιλοῦσιν ἐρασταί.

Ce n’est pas très élégant.

Socrate dit qu’il est déjà passé du dithyrambe à l’épique, mais il sait très bien que son dithyrambe est blasphématoire et que son épique est boiteuse. Il se moque de Phedre, donc.

Son argument consiste à dire que, s’il a atteint une telle hauteur de style en critiquant les maux produits par l’amour, il arriverait encore plus en haut s’il devait chanter les biens produits par le non amour.

Or il est clair que cette seconde partie serait encore plus ridicule - et encore plus sacrilège. De l’ironie de Socrate on déduit que si cette première partie était déjà boiteuse, la seconde serait tout simplement horrible (dans quelques répliques l’adjectif δεινός va être utilisé pour définir le discours) et c’est pour cela qu’il faut l’éviter.

épique, δεινός scholia