In Platonis Phaedrum Scholia: 239e2-240a9
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Σωκράτης
σαφὲς δὴ τοῦτό γε παντὶ μέν, μάλιστα δὲ τῷ ἐραστῇ, ὅτι τῶν φιλτάτων τε καὶ εὐνουστάτων καὶ θειοτάτων κτημάτων ὀρφανὸν πρὸ παντὸς εὔξαιτ᾽ ἂν εἶναι τὸν ἐρώμενον: πατρὸς γὰρ καὶ μητρὸς καὶ συγγενῶν καὶ φίλων στέρεσθαι ἂν αὐτὸν δέξαιτο, διακωλυτὰς καὶ ἐπιτιμητὰς ἡγούμενος τῆς ἡδίστης πρὸς αὐτὸν ὁμιλίας. ἀλλὰ μὴν οὐσίαν γ᾽ ἔχοντα χρυσοῦ ἤ τινος ἄλλης κτήσεως οὔτε εὐάλωτον ὁμοίως οὔτε ἁλόντα εὐμεταχείριστον ἡγήσεται: ἐξ ὧν πᾶσα ἀνάγκη ἐραστὴν παιδικοῖς φθονεῖν μὲν οὐσίαν κεκτημένοις, ἀπολλυμένης δὲ χαίρειν. ἔτι τοίνυν ἄγαμον, ἄπαιδα, ἄοικον ὅτι πλεῖστον χρόνον παιδικὰ ἐραστὴς εὔξαιτ᾽ ἂν γενέσθαι, τὸ αὑτοῦ γλυκὺ ὡς πλεῖστον χρόνον καρποῦσθαι ἐπιθυμῶν.
Socrate
Ces choses sont évidentes pour chacun et en particulier pour l'amoureux, qu'il désirera au dessus de tout que l'aimé soit privé de tous le biens les plus chers, les plus précieux et les plus sacrés: il voudra que le père, la mère, les parents et les amis lui manquent car il considère que ces personnes s'opposeraient et condamneraient sa fréquentation de l'aimé qui lui donne tant de plaisir. Mais il considérera que si l'aimé possède des richesses en argent ou d'autre type, il ne sera pas facile à conquérir, ni facile à garder une fois séduit. De cela suit qu'il est nécessaire que l'amoureux soit jaloux des richesses du jeune homme et qu'il soit heureux s'il les perd. Mais encore l'amoureux souhaitera que le jeune homme soit le plus longtemps possible sans femme, sans enfants et sans demeure, en désirant de jouir de son propre plaisir, le plus longtemps possible.
Platon, Phèdre, 239e2-240a9
Ce sont encore des arguments déjà évoqués par Lysias: l’amoureux est jaloux. Il évite que l’aimé fréquente d’autres personnes et surtout sa famille et ses chers qui pourraient se rendre compte du mal que lui fait son amant et lui conseiller de le quitter.
La jalousie par rapport aux personnes s’étend à une jalousie généralisée: tout ce qui peut constituer un bien pour l’aimé est potentiellement une menace pour l’amoureux qui risque d’être moins nécessaire, moins unique.
Ces raisonnements sont finalement très convaincants et ils représentent bien un certain type d’amour. C’est du bon sens commun - comme dans le cas de Lysias : l’amoureux est caractérisé par la terreur de perdre son aimé; tout ce qui pourrait constituer pour l’aimé une alternative devient une menace potentielle qu’il faut détruire .