In Platonis Phaedrum Scholia: 237c2

οὐσία, γνῶθι σεαυτόν

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Σωκράτης
τοὺς δὲ πολλοὺς λέληθεν ὅτι οὐκ ἴσασι τὴν οὐσίαν ἑκάστου.

Socrate
Or la plupart des gens ignorent qu'ils ne connaissent pas l'essence de chaque chose.

Platon, Phèdre, 237c2-237c2

Il est maintenant question de situer le principe universel qui vient d’être explicité (il faut connaître l’essence de ce dont on parle) par rapport aux pratiques argumentatives. La plupart des gens ignorent qu’ils ignorent. C’est en effet le principe du γνῶθι σεαυτόν dont Socrate a déjà parlé. Socrate est conscient de son ignorance alors que la plupart des gens ne le sont pas. Les autres ignorent le fait de ne pas connaître.

Or cette grande idée socratique est énoncée - encore une fois - dans un contexte particulier. Ce n’est pas directement Socrate, mais son personnage qui l’exprime. Et à cause de cela elle prend un autre sens. Le discours existe seulement en relation au discours de Lysias contre lequel il est en compétition. Le principe philosophique du γνῶθι σεαυτόν acquiert une signification purement rhétorique et oratoire: au lieu qu’être le fondement même de l’acte philosophique - l’amour de la sagesse qui nous échappe - il devient une règle de composition des discours - comme pourrait en donner Lysias: commence ton discours avec la définition de ce dont tu parles. La plupart des gens - on pourrait lire “des élèves - font l’erreur d’oublier ce précepte.

οὐσία, γνῶθι σεαυτόν scholia