In Platonis Phaedrum Scholia: 279c7

εἶμι

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Σωκράτης
ἴωμεν.

Socrate
Allons-y

Platon, Phèdre, 279c7-279c7

C’est la fin. Ce verbe, εἶμι, clôt le dialogue: allons-y, partons. On laisse l’endroit sacré qui a produit la pensée, on laisse le platane, l’Ilissos et ses nymphes, on laisse les cigales et leur chant, on laisse les dieux du lieu qui ont parlé et ont délivré leurs vérités. On part.

Mais pour aller où? Voici la question qui avait ouvert le dialogue qui se pose à nouveau: ποῖ δὴ καὶ πόθεν; Tu vas où, d’où tu viens? Maintenant on a la réponse à la seconde question, mais la première semble rester sans réponse. Où vont-ils, Phèdre et Socrate?

Il vont peut-être vers la réalisation de leurs vœux. C’est la fonction de la prière finale, peut-être que d’orienter leur futur. Phèdre venait de chez Lysias et allait se promener, au début du dialogue. En venant de chez un sophiste qui ne lui avait rien appris, Phèdre vaguait, sans un objectif précis. Il sortait des murs de la ville, il s’éloignait des êtres humains et il répétait, sans rien apprendre, le discours de Lysias.

Maintenant Socrate et Phèdre viennent d’un lieu sacré, où les dieux leur ont parlé. Maintenant ils savent quoi faire. Cet ἴωμεν exprime certitude et confiance. Cet ἴωμεν qui a été renvoyé plusieurs fois: Socrate voulait partir après son premier discours, puis après le deuxième, Phèdre voulait partir avant la prière… Mais maintenant c’est le moment: ἴωμεν. Phèdre et Socrate peuvent partir parce que tout a été dit et parce que maintenant ils savent où aller. Leur direction ne sera pas caractérisée par des hésitations, ils iront tout droit au but.

Maintenant ils peuvent rentrer en ville, chez les autres êtres humains. Ils savent quoi faire: l’objectif sera devenir philosophes. ἴωμεν, allons vers la philosophie.

εἶμι scholia