In Platonis Phaedrum Scholia: 276c1-2
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Φαῖδρος
οὕτω που, ὦ Σώκρατες, τὰ μὲν σπουδῇ, τὰ δὲ ὡς ἑτέρως ἂν ᾗ λέγεις ποιοῖ.
Phèdre
Oui Socrate, dans le second cas il le ferait comme tu dis avec des intentions sérieuses, dans le premier non.
Platon, Phèdre, 276c1-276c2
Phèdre résume la polarité: il y a donc deux possibles modes d’action: faire les choses sérieusement (σπουδή) en y croyant et en y mettant du zèle ou alors les faire de façon ludique, pour jouer.
L’agriculteur est la métaphore de l’éducateur. C’est l’éducation qui intéresse ici Socrate - et Platon. On n’est pas en train de parler des discours de façon générale et, si on y pense bien, le discours de Lysias d’où tout a commencé ne rentre pas dans la catégorie de discours à laquelle on s’intéresse ici. Le discours sur l’amour de Lysias ne voulait rien apprendre à personne, il ne voulait pas produire des fruits, il ne voulait pas continuer à parler dans l’âme de celui qui l’écoutait; il voulait tout simplement convaincre. Plus précisément: il voulait, en utilisant la ruse, convaincre un jeune homme à accorder ses faveurs sexuels à un homme qui ne désirait que ces derniers, sans rien offrir en échange. Pour le discours de Lysias la métaphore ne fonctionne donc pas.
Socrate a changé de sujet et Phèdre le suit: on parle ici d’enseignement et de comment ce qui est enseigné doit être écrit si l’on veut vraiment que l’enseignement passe.
L’éducation est une affaire sérieuse. La σπουδή est vraiment nécessaire, on ne plaisante pas avec l’éducation.
Et encore une contradiction étymologique: jouer, παίζω, vient de παῖς, enfant, d’où vient aussi le mot παιδιή, jeu, mais aussi le mot παιδεία, éducation. Socrate est donc en train de dire que la παιδεία n’est pas une chose enfantine et ludique, mais sérieuse. La παιδεία ne doit pas être liée à la παιδιή mais à la σπουδή. Peut-il le dire sérieusement? Ou c’est juste un jeu?