In Platonis Phaedrum Scholia: 276a5-7

ψυχή, γράφω, matérialité, Emmanuel Souchier, énonciation éditoriale

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Σωκράτης
ὃς μετ᾽ ἐπιστήμης γράφεται ἐν τῇ τοῦ μανθάνοντος ψυχῇ, δυνατὸς μὲν ἀμῦναι ἑαυτῷ, ἐπιστήμων δὲ λέγειν τε καὶ σιγᾶν πρὸς οὓς δεῖ.

Socrate
Celui qui avec connaissance est écrit dans l'âme de celui qui apprend, qui est capable de se défendre tout seul et qui sait à qui il doit parler et avec qui il doit rester en silence.

Platon, Phèdre, 276a5-276a7

Le discours légitime est donc lui aussi écrit (γράφω). Cela est très important: le bon discours n’est pas non écrit, il est juste écrit autrement. Il est écrit dans la ψυχή de celui qui apprend. Le caractère matériel n’est pas nié, il n’est pas critiqué. Le Phèdre s’affirme encore comme un dialogue sur la matérialité, malgré son éloge apparent de l’immatérialité.

On peut écrire dans l’âme. Le point n’est pas de ne pas écrire, mais d’écrire de la bonne manière ou, si on veut, d’écrire sur le bon support.

Tout discours est nécessairement écrit, mais écrire sur du papier - ou plutôt sur du papyrus - n’est pas le bon choix.

Ce sur quoi il faut se concentrer ici c’est donc quelque chose qui ressemble à ce qu’Emmanuel Souchier appelle l’énonciation éditoriale: de quelle manière le support parle, dit quelque chose, produit du sens. Un discours n’est pas le même indépendamment d’où il est écrit: le support d’écriture porte un sens particulier au point où il devient impossible de séparer le contenu de son lieu d’inscription. Le contenu est son lieu d’inscription (the media is the message). Ici l’âme est le message, plus que des idées qui pourraient circuler de façon identique indépendamment d’où elles s’incarnent.

Car un discours écrit dans l’âme est un discours vivant, qui peut vraiment parler, qui peut être autonome, continuer à dire des choses nouvelles.

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