In Platonis Phaedrum Scholia: 274c5-8
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Σωκράτης
ἤκουσα τοίνυν περὶ Ναύκρατιν τῆς Αἰγύπτου γενέσθαι τῶν ἐκεῖ παλαιῶν τινα θεῶν, οὗ καὶ τὸ ὄρνεον ἱερὸν ὃ δὴ καλοῦσιν Ἶβιν: αὐτῷ δὲ ὄνομα τῷ δαίμονι εἶναι Θεύθ.
Socrate
J'ai entendu qu'à Naucratis en Égypte vécut un des anciens dieux de là-bas, pour qui l'oiseau qu'on appelle ibis est sacré: cette divinité s'appelle Theuth.
Platon, Phèdre, 274c5-274c8
L’histoire, comme le remarquera plus tard Phèdre, est partiellement inventée par Socrate. Plusieurs éléments sont intéressant à souligner dans le contexte de l’histoire que Socrate présente ici. L’histoire se passe à Naucratis, une colonie grecque en Egypte. Naucratis est une ville sur le bord du Nil qui était un des principaux point d’échange et de commerce entre les grecs et les égyptiens. Naucratis est un intermédiaire, un nœud de relations, un passage, une traduction de l’égyptien au grec. Socrate prépare une traduction de l’égyptien au grec, il prépare une transposition de sens.
Et en effet les personnages sont des personnages grecs aux noms égyptiens. Theuth, plus connu comme Thoth, est en effet un dieu grec, qu’on représente souvent avec une tête d’ibis, l’oiseau qui lui est sacré. Thoth est le scribe des dieux et l’inventeur d’une série de techniques qu’il présente aux êtres humains. Il est l’Hermès égyptien, ou peut-être le Prométhée égyptien.
Le fait de parler de personnages égyptiens permet à Socrate d’une part d’être plus libre et de l’autre de placer la vérité un peu plus loin. Il est plus libre parce qu’il ne risque pas d’être accusé de blasphème en parlant de ses propres dieux. Et cela lui permet aussi d’affirmer que la vérité n’est pas à portée de main, qu’il faut aller la chercher plus loin, dans un autre espace et dans un autre temps.