In Platonis Phaedrum Scholia: 274b10-c4
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Σωκράτης
ἀκοήν γ᾽ ἔχω λέγειν τῶν προτέρων, τὸ δ᾽ ἀληθὲς αὐτοὶ ἴσασιν. εἰ δὲ τοῦτο εὕροιμεν αὐτοί, ἆρά γ᾽ ἂν ἔθ᾽ ἡμῖν μέλοι τι τῶν ἀνθρωπίνων δοξασμάτων;
Φαῖδρος
γελοῖον ἤρου: ἀλλ᾽ ἃ φῂς ἀκηκοέναι λέγε.
Socrate
Je sais que les antiques racontaient une legende, eux qui connaissent ce qui est vrai. Si nous pouvions nous-même découvrir ce qui est vrai, est-ce que nous nous préoccupérions encore des opinions des mortels?
Phèdre
C'est une question ridicule. Mais raconte ce que tu dis d'avoir entendu.
Platon, Phèdre, 274b10-274c4
Comment faire pour faire plaisir aux dieux? Il faut essayer de trouver la vérité. Mais cette vérité n’est pas immédiatement et facilement accessible, comme on l’a déjà dit. Il faut la chercher dans des lieux reculés et lointains. C’est cet éloignement, qui implique un chemin long et rude, qui est signifié avec cette référence à un temps passé et aux anciens: les anciens connaissaient le vrai (ἀληθής). Ce topos n’est donc probablement pas à prendre au premier degré: Socrate ne fait probablement pas référence à des personnes ayant vécu avant lui, mais plutôt à l’éloignement de la vérité. C’est un passé ontologique, celui de l’hyperouranion où nos âmes ont eu accès à la vérité.
Et ce qui reste de ce savoir est un ouï dire, un ἀκοή (que je traduis ici approximativement avec “légende” mais qui signifie quelque chose qu’on a entendu - du verbe ἀκούω).
Cette réplique sert à Socrate pour répéter son hypothèse de fond: l’objectif fondamental, le seul digne d’attention, est la recherche de la vérité. Et si on arrive à avoir accès à la vérité, les opinions des êtres humains n’auront plus aucune importance. Socrate formule cette hypothèse de fond sous la forme d’une question qui déclenche l’accord enthousiaste et acritique de Phèdre: faire autrement serait ridicule (γέλοιος) - et donc les sophistes sont à nouveau accusés d’être ridicules.