In Platonis Phaedrum Scholia: 273a3-7
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Φαῖδρος
αὐτά γε, ὦ Σώκρατες, διελήλυθας ἃ λέγουσιν οἱ περὶ τοὺς λόγους τεχνικοὶ προσποιούμενοι εἶναι: ἀνεμνήσθην γὰρ ὅτι ἐν τῷ πρόσθεν βραχέως τοῦ τοιούτου ἐφηψάμεθα, δοκεῖ δὲ τοῦτο πάμμεγα εἶναι τοῖς περὶ ταῦτα.
Phèdre
Tu as dit, Socrate, exactement ce que disent ceux qui prétendent être experts de rhétorique: je me rappelle en effet qu'au début nous avons évoqué rapidement quelque chose de ce genre et il me semble que cet aspect est très important pour eux en ce qui concerne ce sujet.
Platon, Phèdre, 273a3-273a7
Finalement Phèdre se rappele (ἀναμιμνήσκω). Son amnésie temporaire finit au moment où Socrate répète les paroles que lui-même, Phèdre, avait dites quelques minutes avant. Phèdre maintenant se réfère, lui-aussi, au passage 259e7 et ss qui vient d’être évoqué par Socrate.
Phèdre ajoute: nous l’avions dit rapidement (βραχέως) presque pour excuser son amnésie précédente. Pourquoi a-t-il affirmé qu’il n’était pas capable de répéter cette idée des sophistes? Phèdre connaît cette idée et il sait aussi que Socrate la connaît de son côté. Mais il y a quelque chose de rituel dans cette répétition d’une affirmation fausse.
Ce qui se passe dans ces répliques est teinté par un aspect sacré: dire le faux devant les dieux pour ensuite s’excuser, demander pardon et montrer la vérité. Nous l’avons dit: la structure est la même que celle des deux discours de Socrate sur l’amour. L’important ici est le fait de dire oralement des paroles. La question n’est pas de continuer un raisonnement abstrait, mais de performer une sorte de purification, une κάθαρσις: plonger dans le faux pour ensuite s’en libérer définitivement.
La vérité est quelque chose qu’il faut performer, elle est donc liée à des conditions particulières et spécifiques d’énonciation, elle est attaché à un support matériel et à une forme. Cette performance orale prépare clairement la réflexion sur l’écriture. Et loin d’être le dialogue de l’immatérialité, le Phèdre s’affirme comme le dialogue de la matière.
