In Platonis Phaedrum Scholia: 272e2-273a2

εἰκός

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Σωκράτης
οὐδὲ γὰρ αὐτὰ τὰ πραχθέντα δεῖν λέγειν ἐνίοτε, ἐὰν μὴ εἰκότως ᾖ πεπραγμένα, ἀλλὰ τὰ εἰκότα, ἔν τε κατηγορίᾳ καὶ ἀπολογίᾳ, καὶ πάντως λέγοντα τὸ δὴ εἰκὸς διωκτέον εἶναι, πολλὰ εἰπόντα χαίρειν τῷ ἀληθεῖ: τοῦτο γὰρ διὰ παντὸς τοῦ λόγου γιγνόμενον τὴν ἅπασαν τέχνην πορίζειν.

Socrate
Et en effet, parfois, dans l'accusation comme dans la défense, il ne faut même pas dire les choses qui se sont passées, si elles ne se sont pas déroulées de façon vraisemblable, mais seulement ceux qui sont vraisemblables et en fin celui qui parle ne doit que poursuivre le vraisemblable, tandis qu'on dira bonsoir à la vérité. Cette méthode, pendant tout le discours, fournit la totalité de l'art.

Platon, Phèdre, 272e2-273a2

L’argument se complexifie: non seulement il n’est pas nécessaire de connaître la vérité, si jamais on la connaît il ne faut même pas la dire. C’est une ruse celle des sophistes que Socrate reporte ici et qui en réalité leur nuit, comme on verra plus tard. Les sophistes veulent démontrer que non seulement il est inutile de perdre du temps avec la vérité: la vérité est même nuisible aux objectifs d’un bon orateur. En effet, si la vérité n’est pas vraisemblable, il ne faut pas la dire, car personne n’y croirait et donc elle ferait perdre à l’orateur ce qu’il cherche: la conviction.

Cette affirmation est une arme à double tranchant pour les sophistes: si elle semble leur avoir donné une victoire absolue sur ceux qui défendraient la vérité, en réalité elle donne aussi l’argument pour détruire leur point de vue: le vraisemblable est une ressemblance au vrai, mais alors pour dire le vraisemblable il faut connaître le vrai.

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