In Platonis Phaedrum Scholia: 271b7-9
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Σωκράτης
οὔτοι μὲν οὖν, ὦ φίλε, ἄλλως ἐνδεικνύμενον ἢ λεγόμενον τέχνῃ ποτὲ λεχθήσεται ἢ γραφήσεται οὔτε τι ἄλλο οὔτε τοῦτο.
Socrate
En réalité, mon cher, ce qui est enseigné ou dit de façon différente sur ce sujet ou sur un autre ne sera jamais dit ou écrit selon les règles de l'art.
Platon, Phèdre, 271b7-271b9
Cette affirmation est un peu surprenante car, après avoir précisé l’application concrète de la méthode au domaine de la rhétorique, Socrate revient au cas général: tout ce qui est enseigné ou dit sur ce sujet… ou sur d’autres. Si on veut enseigner avec art, en suivant les règles de l’art, il est nécessaire de… de faire quoi exactement?
Il semblerait qu’ici Socrate est en train de dire que la rhétorique est un art nécessaire pour enseigner n’importe quelle discipline. Socrate admet donc que l’art de parler est un art à part, qui permet ensuite de parler de n’importe quel sujet.
En effet, l’analyse méthodologique de Socrate a comporté plusieurs étapes: en premier lieu un point de départ purement ontologique, ensuite une application à la rhétorique et finalement une application aux cas particuliers. D’un point de vue ontologique il y a des choses et leurs caractéristiques: leurs capacités d’action et de passion. Cette observation est évidemment valable pour n’importe quelle chose: pour l’âme comme pour le corps ou pour un autre objet. L’ontologie sera nécessaire pour la rhétorique comme pour la médecine: le médecin devra savoir ce qu’est un corps, ce qu’il peut faire et ce qu’il peut subir.
Ensuite on a vu que la rhétorique doit se baser sur la connaissance de l’âme et donc la question ontologique doit être appliquée à un objet précis: l’âme, justement. Pour finir Socrate nous a dit que, selon le type d’âme, on devra adapter le type de discours.
Maintenant il semble revenir au cas général, mais pour dire que même pour d’autres arts - comme par exemple la médecine - il faudra connaître l’âme, au moins si on veut les enseigner. Le médecin pourra peut-être se contenter de la connaissance du corps, mais l’enseignant de médecine, s’il veut enseigner et parler de la médecine selon les règles de l’art, devra aussi connaître l’âme et les différents types d’âme pour être capable de persuader ses élèves et de leur transmettre donc son savoir.