In Platonis Phaedrum Scholia: 270a10-b2

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Φαῖδρος
πῶς τοῦτο λέγεις;
Σωκράτης
ὁ αὐτός που τρόπος τέχνης ἰατρικῆς ὅσπερ καὶ ῥητορικῆς.
Φαῖδρος
πῶς δή;

Phèdre
Que veux-tu dire?
Socrate
La médecine et la rhétorique fonctionnent de la même manière.
Phèdre
Et comment?

Platon, Phèdre, 270a10-270b2

La question de Phèdre est immédiate, authentique, spontanée. On accuse souvent Platon du côté un peu lisse des répliques des interlocuteurs de Socrate: souvent ils se limitent à dire “oui”, “certainement”, “sans doute”, ou à poser des questions qui ne servent qu’à faire continuer le monologue de Socrate. C’est évidemment un peu le cas ici aussi: Socrate continue son discours.

Mais il y a dans ce court échange quelque chose de plus: la surprise authentique de Phèdre qui se manifeste dans cette interruption du discours. Phèdre ne laisse pas Socrate finir et lui demande ce qu’il veut dire. πῶς τοῦτο λέγεις; littéralement: comment tu dis cela? Dans quel sens?

L’affirmation de Socrate a surpris sincèrement Phèdre: qu’est-ce que ça veut dire que Périclès est devenu un bon orateur grâce aux discours d’Anaxagore sur la nature?

Socrate continue sans même pas remarquer la question de Phèdre; il y a une dynamique dans le dialogue qui lui donne de la vie. On se dirait dans une pièce de théâtre, pour une fois et non dans un traité de philosophie.

La conclusion du discours de Socrate est peut-être encore plus étonnante; médecine et rhétorique fonctionnent de la même manière, pour les deux les discours oisifs sur les grandes notions philosophiques sont fondamentaux. Et après cette affirmation incroyable, Phèdre réitère sa question inécoutée: comment?

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