In Platonis Phaedrum Scholia: 270b3-10

τριβή, διαιρέω, ἐμπειρία

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Σωκράτης
ἐν ἀμφοτέραις δεῖ διελέσθαι φύσιν, σώματος μὲν ἐν τῇ ἑτέρᾳ, ψυχῆς δὲ ἐν τῇ ἑτέρᾳ, εἰ μέλλεις, μὴ τριβῇ μόνον καὶ ἐμπειρίᾳ ἀλλὰ τέχνῃ, τῷ μὲν φάρμακα καὶ τροφὴν προσφέρων ὑγίειαν καὶ ῥώμην ἐμποιήσειν, τῇ δὲ λόγους τε καὶ ἐπιτηδεύσεις νομίμους πειθὼ ἣν ἂν βούλῃ καὶ ἀρετὴν παραδώσειν.
Φαῖδρος
τὸ γοῦν εἰκός, ὦ Σώκρατες, οὕτως.

Socrate
Dans le cas de tous les deux arts, il faut distinguer la nature, pour le premier, du corps, pour le second, de l'âme, si tu veux, non pas par habitude ou par expérience, mais par l'art, administrer, dans le cas du corps, les médicaments et la nourriture qui lui portent santé et force, et dans le cas de l'âme, lui apporter les raisonnements et les normes de conduite qui produisent la persuasion - quand on le veut - et la vertu.
Phèdre
On dirait que c'est ainsi, Socrate.

Platon, Phèdre, 270b3-270b10

Si l’unité du dialogue a pu être mise en question, des affirmations comme celle-ci démontrent clairement qu’unité il y a, et forte. Toute l’analyse de l’âme se révèle centrale ici, car l’art oratoire doit être fondé sur la définition et l’analyse de ce concept. Et fondamentalement si l’amour est le fondement de la philosophie ainsi que ce qui déclenche la poussée des ailes de l’âme, la connaissance de l’âme est aussi le point de départ de l’art oratoire qui doit devenir, lui aussi, une forme de philosophie.

La distinction de l’essence (διαιρέω) et de la nature est centrale pour n’importe quel art. Changent les objets dont il faut identifier l’essence: le corps, pour la médecine, l’âme pour la rhétorique. Cette symétrie est assez étonnante et on peut se douter du fait que la rhétorique n’est pas le seul art qui se fonde sur la connaissance de l’âme et que la médecine n’est pas le seul art qui demande une connaissance du corps. Ce qu’il faut retenir c’est surtout la différence entre art et pratique (τριβή) qui avait déjà été évoquée: l’art est basé sur la connaissance des essences, la pratique peut manquer de cette connaissance, c’est une habitude, un réflexe, mais ce n’est pas un art.

Quelqu’un peut donc avoir des habitudes qui permettent de donner un remède qui fonctionne à un malade - un remède de grand-mère, on pourrait dire: mais cette capacité ne fait pas de cette personne un médecin. C’est ça la différence entre faire quelque chose par habitude ou par art. Ici Socrate ajoute aussi la notion d’ἐμπειρία: expérience. L’expérience unie à l’habitude ne suffisent pas, il est nécessaire de connaître les essences.

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