In Platonis Phaedrum Scholia: 269d2-9

ἀγωνιστής, φύσις

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Σωκράτης
τὸ μὲν δύνασθαι, ὦ Φαῖδρε, ὥστε ἀγωνιστὴν τέλεον γενέσθαι, εἰκός—ἴσως δὲ καὶ ἀναγκαῖον—ἔχειν ὥσπερ τἆλλα: εἰ μέν σοι ὑπάρχει φύσει ῥητορικῷ εἶναι, ἔσῃ ῥήτωρ ἐλλόγιμος, προσλαβὼν ἐπιστήμην τε καὶ μελέτην, ὅτου δ᾽ ἂν ἐλλείπῃς τούτων, ταύτῃ ἀτελὴς ἔσῃ. ὅσον δὲ αὐτοῦ τέχνη, οὐχ ᾗ Λυσίας τε καὶ Θρασύμαχος πορεύεται δοκεῖ μοι φαίνεσθαι ἡ μέθοδος.

Socrate
Phèdre, la capacité d'être un compétiteur parfait est - probablement et nécessairement - la même que pour les autres choses: si tu es éloquent par nature, tu seras un excellent orateur en ajoutant la connaissance et l'exercice, mais si tu manques d'une de ces choses, alors tu seras un orateur imparfait. Quant à ce type d'art, par contre, il me semble que la méthode pour l'acquérir n'est pas celle de Lysias ou de Trasymaque.

Platon, Phèdre, 269d2-269d9

La notion de compétition apparaît dans la bouche de Socrate: il parle de l’orateur comme d’un ἀγωνιστής, un compétiteur. L’avocat compète avec son adversaire, comme dans une course, comme dans une compétition sportive. L’emploi de ce mot est étrange: est-ce que Socrate est en train de dire ce que veut entendre Phèdre? Ou alors lui-même il définirait ainsi l’orateur? Car dans sa vision de ce que doit être l’art des discours, la capacité de compétition n’est pas du tout incluse. Si on suit la République, le philosophe - car c’est ce que doit être un orateur - ne sera pas facilement cru par les autres, car ce qu’il dit est trop vrai, trop lumineux, trop loin de la doxa.

Est-ce que Socrate utilise ce terme pour faire plaisir à Phèdre, en ironisant un peu, ou est-ce qu’il croit à l’importance de la compétition dans l’art oratoire? Ou alors, plus simplement, la notion de compétition est évoquée de manière métaphorique, juste pour renvoyer à l’excellence: un compétiteur parfait signifierait donc, tout simplement, un parfait orateur.

Quoi qu’il en soit, Socrate donne la recette ici: la nature accompagnée par l’étude et l’exercice. La phrase peut étonner: si tu as la nature d’un orateur tu seras bon orateur. On a l’impression que l’enseignement est moins important que ce qu’on le croyait: il faut d’abord la nature, la φύσις du bon orateur. La syntaxe utilisée par Socrate crée cette effet de mettre la nature en premier: si tu es ῥητορικός par nature, alors tu seras un excellent orateur… on croirait que la phrase est finie et Socrate ajoute un participe: en ajoutant… si seulement tu ajoutes… La connaissance (ἐπιστήμη) et la pratique, l’exercice: μελέτη.

Voici les trois éléments nécessaires donc: nature, connaissance et pratique.

Il y a une méthode pour acquérir l’art - réservée à ceux qui sont de bonne nature. On peut enseigner l’art oratoire finalement. Mais cet enseignement n’est pas celui qui est dispensé par les sophistes.

ἀγωνιστής, φύσις scholia