In Platonis Phaedrum Scholia: 265d3-9

ὁρίζω, Maria Zambrano, multiplicité

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Σωκράτης
εἰς μίαν τε ἰδέαν συνορῶντα ἄγειν τὰ πολλαχῇ διεσπαρμένα, ἵνα ἕκαστον ὁριζόμενος δῆλον ποιῇ περὶ οὗ ἂν ἀεὶ διδάσκειν ἐθέλῃ. ὥσπερ τὰ νυνδὴ περὶ Ἔρωτος—ὃ ἔστιν ὁρισθέν—εἴτ᾽ εὖ εἴτε κακῶς ἐλέχθη, τὸ γοῦν σαφὲς καὶ τὸ αὐτὸ αὑτῷ ὁμολογούμενον διὰ ταῦτα ἔσχεν εἰπεῖν ὁ λόγος.
Φαῖδρος
τὸ δ᾽ ἕτερον δὴ εἶδος τί λέγεις, ὦ Σώκρατες;

Socrate
Celle de mettre ensemble en une seule idée des choses très éparpillées, afin que, en definissant chaque chose, on rende clair ce qu'on veut expliquer. Comme maintenant en parlant d'Amour nous avons ou bien ou mal défini ce que c'est et le discours a pour cette raison pu parler, au moins, de façon claire et cohérente avec soi-même.
Phèdre
Et l'autre?

Platon, Phèdre, 265d3-265d9

Le premier processus, la première structure, la première idée est la dialectique: elle consiste à reporter le multiple à l’unité. Pour ce faire il est nécessaire de dé-finir, de tracer des frontières (ὁρίζω) entre les choses.

Dans cette formulation, avec la parenthèse dans laquelle il doute que la définition soit bonne (“que nous l’ayons défini bien ou mal”), Socrate laisse transparaître toute la complexité et les limites de la méthode dialectique. Il n’est pas facile - et peut-être pas possible - de tracer des frontière nettes et sures entre les choses. Il n’est pas facile - et peut-être pas possible - de réduire la multiplicité à l’unité. Mais il faut le faire pour atteindre un minimum de clarté.

Beaucoup d’éléments soulignent cette incertitude: γοῦν (au moins), εἴτ᾽εὖ εἴτε κακῶς, bien ou mal. Le fait de tracer des frontières semble pouvoir avoir quelque chose d’arbitraire, mais cela permet pourtant de dire quelque chose de cohérent, qui se base sur l’unité présupposée d’une chose qui a été construite en tant qu’unité à partir d’une multiplicité.

J’entends ici Maria Zambrano qui disait de Platon: “peut-être le plus grand est-il, pour celui qui était né pour la poésie, d’avoir choisi la philosophie”. Peut-être Zambrano pensait aussi à ce passage du Phèdre. La multiplicité que seul la poésie arrive à dire le philosophe ne peut pas la saisir, il ne peut que la réduire à l’unité. Mais ce faisant, ce philosophe qui aime la poésie sait qu’il triche, que cette réduction ne rend pas compte de la complexité et de la richesse du multiple.

ὁρίζω, Maria Zambrano, multiplicité scholia