In Platonis Phaedrum Scholia: 265c9-d2

παίζω, παιδιή, ἄχαρις, ἀσχολία, εἶδος, τύχη, τέχνη

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Σωκράτης
ἐμοὶ μὲν φαίνεται τὰ μὲν ἄλλα τῷ ὄντι παιδιᾷ πεπαῖσθαι: τούτων δέ τινων ἐκ τύχης ῥηθέντων δυοῖν εἰδοῖν, εἰ αὐτοῖν τὴν δύναμιν τέχνῃ λαβεῖν δύναιτό τις, οὐκ ἄχαρι.
Φαῖδρος
τίνων δή;

Socrate
Il me semble que pour le reste nous avons joué un jeu: mais de ces choses que nous avons dit par hasard il y a deux structures qui ne sont pas sans grâce, si nous pouvons en comprendre avec art la fonction.
Phèdre
Lesquelles?

Platon, Phèdre, 265c9-265d2

Il a déjà été question de jouer (παίζω). Socrate s’était moqué de Lysias et Phèdre lui avait demandé s’il jouait (παίζω). Socrate avait ensuite parlé de “jouer (προσπαίζω) avec les mots” pour décrire l’art oratoire tel qu’il l’avait utilisé dans ses discours. Il y a quelque chose de pas sérieux dans la démarche, donc. Il y a quelque chose qui relève du jeu enfantin (παιδιή) dans tout ce qui s’est passé jusqu’ici. On le sait: Socrate a joué avec Phèdre, ils ont joué à la séduction, ils ont joué avec les mots pour se divertir et se faire la court.

La thématique est encore celle de l’oisiveté, l’ἀσχολία des cigales, l’ἀσχολία d’un Socrate qui a toujours du temps libre quand il s’agit de discours, le plaisir enfantin et amusé de jouer avec les mots. Cette partie est fondamentale.

Mais il y a aussi, semble-t-il, quelque chose de plus sérieux, quelque chose qui ne relève pas du jeu. Ce sont deux structures, deux idées (εἶδος) qui ont émergé de ce qui a été dit. Un peu par hasard (ἐκ τύχης), nous dit Socrate, ou peut-être fatalement. La τύχη est certes quelque chose que l’on ne peut pas contrôler, mais cela n’enlève rien - au contraire - à sa nécessité.

Ces deux structures ne sont pas ἄχαρις. La double négation est très souvent utilisée par Socrate: ce n’est pas sans grâce, ἄχαρις, l’alpha privatif plus le mot χάρις, grâce. χάρις renvoie encore à quelque chose de divin (ce sont les Grâces qui donnent la grâce aux choses). Ces deux structures ne sont donc pas dépourvues d’un quelque don divin et c’est pour cette raison qu’elles doivent être prises au sérieux (ce n’est plus un jeu ici). Mais pour saisir ce qui est gracieux dans ces deux structures, il faut les analyser d’un œil expert, avec de la τέχνη. La τέχνη peut nous permettre de saisir ce à quoi ces deux structures servent, leur fonction et leur pouvoir (δύναμις): ce qu’elle peuvent faire.

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