In Platonis Phaedrum Scholia: 264e4-265a1
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Σωκράτης
τοῦτον μὲν τοίνυν, ἵνα μὴ σὺ ἄχθῃ, ἐάσωμεν— καίτοι συχνά γε ἔχειν μοι δοκεῖ παραδείγματα πρὸς ἅ τις βλέπων ὀνίναιτ᾽ ἄν, μιμεῖσθαι αὐτὰ ἐπιχειρῶν μὴ πάνυ τι— εἰς δὲ τοὺς ἑτέρους λόγους ἴωμεν. ἦν γάρ τι ἐν αὐτοῖς, ὡς δοκῶ, προσῆκον ἰδεῖν τοῖς βουλομένοις περὶ λόγων σκοπεῖν.
Φαῖδρος
τὸ ποῖον δὴ λέγεις;
Socrate
Laissons-le donc en paix pour que tu ne sois pas accablé - même s'il me semble qu'il contient des exemples parfaits qu'il serait utile de regarder pour essayer de surtout ne pas les imiter -, et revenons aux deux autres discours. Il me semble qu'il y avait quelque chose dans ces discours que ceux qui veulent analyser les discours devraient observer.
Phèdre
De quoi tu parles?
Platon, Phèdre, 264e4-265a1
Laissons en paix Lysias. Ou son discours? Il y a une ambiguïté ici et cette ambiguïté est vraiment fondamentale: peut-on parler du discours en faisant abstraction de celui qui l’a écrit? Car on ne devrait pas avoir des sentiments particuliers par rapport à un discours, tandis qu’on en a par rapport aux personnes. Phèdre est un peu amoureux de Lysias. Socrate semble être en compétition avec cet orateur. Est-il question de choisir un amant, est-il question de choisir entre deux personnes, entre Lysias et Socrate, ou est-il question d’analyser des discours, de façon scientifique, sans affection, sans sentiments, de façon, pour ainsi dire, objective?
Il semblerait, encore une fois, qu’on ne peut pas vraiment séparer ces éléments. Le sens d’un discours émerge d’un ensemble d’éléments et aucun ne peut être mis entre parenthèses. Phèdre risque d’être triste si l’on parle mal du discours de Lysias parce qu’il est attaché à l’homme, même s’il ne devrait pas être attaché au discours. Le discours est un jeu, c’est ainsi qu’il est pensé, mais Socrate fait voir qu’il n’y a pas de jeu, il n’est pas possible juste de s’amuser avec les mots: les émotions sont toujours impliquées et elles nous rappellent que le sens est toujours important, il doit toujours être pris au sérieux.
Laissons tomber Lysias, dit Socrate, et revenons aux autres discours. Autres discours dont il a dit ne pas être le producteur: ce sont des discours divins. Par rapport à ses propres discours Socrate veut donc mettre vraiment entre parenthèses le lien avec lui. Mais cette manœuvre est tendancieuse: Socrate est bien là, devant Phèdre, il a prononcé les discours, l’implication de l’être humain est évidente. Socrate défend ses discours en disant que ce n’est pas parce qu’il les a prononcés qu’il les défend. Mais c’est un mensonge.