In Platonis Phaedrum Scholia: 263a8-10

ἀμφισβητέω, δίκαιος, ἀγαθός

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Σωκράτης
τί δ᾽ ὅταν δικαίου ἢ ἀγαθοῦ; οὐκ ἄλλος ἄλλῃ φέρεται, καὶ ἀμφισβητοῦμεν ἀλλήλοις τε καὶ ἡμῖν αὐτοῖς;
Φαῖδρος
πάνυ μὲν οὖν.

Socrate
Que se passe-t-il lorsqu'on parle de juste et de beau? N'est-ce pas vrai que chacun pense une chose différente et nous sommes en désaccord avec les autres et aussi avec nous-mêmes?
Phèdre
Tout à fait.

Platon, Phèdre, 263a8-263a10

Le contrexemple arrive et nous fait passer des métaux à des idées abstraites le δίκαιος et l’ἀγαθός. Il s’agit de deux adjectif substantivés, c’est important de le souligner. Les idées de juste et de bien, le juste et le bon. Ces deux adjectifs substantivés sont, selon Platon, des choses qui peuvent être assimilées, d’un point de vue ontologique, au fer et à l’argent. La notion de chose abstraite ne s’applique pas vraiment selon l’ontologie de Platon pour qui les idées de juste et de bien n’ont pas moins de valeur ontologique que le fer et l’argent. Il y a des idées qui se trouvent dans l’hyperouranion, elles sont concrètes, réelles.

Rappelons que les idées sont plus réelles que les choses sensibles: le fer et l’argent que nous voyons sont juste l’imitation de l’idée de fer et l’idée d’argent. Et les idées, de fer, d’argent, de juste et de bon, sont toutes ensemble dans l’hyperouranion et partagent le même statut ontologique.

Pourquoi donc - ontologiquement - la définition et l’essence du juste et du bon devraient-elles être moins consensuelles? Peut-être parce que nous avons tous accès aux choses sensibles et nous pouvons donc voir les manifestations sensibles du fer et de l’argent, mais nous n’avons pas tous la même mémoire des idées vues dans l’hyperouranion? Mais cela semble difficile à soutenir, étant donné que même pour se mettre d’accord sur le fer et sur l’argent il est nécessaire non pas d’avoir à disposition leur manifestation sensible - qui est par définition trompeuse - mais de se rappeler de leurs idées.

L’exemple et le contrexemple de Socrate semblent donc évidents, mais ils ne le sont pas. Oui, nous pouvons immédiatement nous trouver d’accord sur le fait qu’il est plus facile de trouver un accord sur ce qu’est le fer que sur ce qu’est le juste. Mais pourquoi? Quelle connaissance des métaux, quelle structure ontologique le rend plus facilement saisissable?

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